Dans la course aux municipales ce dimanche 18 mars, il manquait un candidat de choix : Michel Hervé, 55ans, maire sortant de Parthenay ( Deux-Sèvres) , a été éliminé dès le premier tour. Blessé autant que déçu, ce pionnier des nouvelles technologies en France va quitter sa ville. Et, peut-être, déménager son entreprise. Interview.
À Parthenay, une ville de 11 000 habitants dans les Deux-Sèvres, on a accès gratuitement à Internet depuis 1996. Un Intranet permet de communiquer sans douleur avec les services municipaux. Sans oublier les points multimédias, en accès libre dans la ville. Le tout a dopé la vie associative à la satisfaction quasi-générale. En apparence. Le maire sortant, Michel Hervé, à la tête d’une liste de gauche plurielle, a été battu dès le premier tour.
Transfert : Après 22 ans de mandat municipal, votre liste " gauche plurielle " a été éliminée au premier tour (34,13 % des voix) par une liste de droite (51,74 %). Vous avez une explication ?
Michel Hervé :Je pensais que, depuis tout ce temps, l’idée de la ville numérique avait pris une ampleur suffisante pour intéresser suffisamment les " forces de progrès ". Mais ce n’est pas dans la culture d’une ville rurale d’être à l’avant-garde. C’est bon pour Paris ou Issy-les-Moulineaux.
Vous jetez l’éponge ?
Je ne peux plus me projeter dans le futur si aucune reconnaissance pour le passé n’existe.
C’est un échec politique, personnel ou les deux ?
En 1998, j’ai pris un peu de distance avec le parti socialiste, parce que les nouvelles idées, notamment sur la citoyenneté active et les nouvelles technologies, n’y avaient pas beaucoup d’écho. Cette année, j’étais à la tête d’une liste de la gauche plurielle, mais un certain nombre de mes concitoyens ne s’y identifiaient pas. Les syndicalistes, par exemple, étaient " anti-Hervé " parce que je suis aussi patron d’une entreprise de 1 000 salariés. Ils ont fait une liste " motivé -e " comme à Toulouse. J’avais le soutien de la gauche plurielle officielle, mais la vraie gauche plurielle était contre moi...
Votre campagne axée sur les nouvelles technologies, on vous l’a reprochée ?
J’ai considéré qu’il était important pour l’avenir de la collectivité de mettre le thème de la ville numérique au premier plan de la campagne. Cette ville doit construire son image sur l’usage des nouvelles technologies. Pour les entreprises, Internet représente une source d’information considérable. Pour la démocratie, c’est irremplaçable. Même si je n’étais pas d’accord avec eux, les anti-Mac Do ont pu faire leur site sur le portail de la ville. En face, les slogans disaient : " c’est démesuré, ça coûte trop cher, les effets économiques sont nuls. " Or 100 emplois ont été créés dans une vingtaine d’entreprises grâce aux nouvelles technologies, et ce n’est pas négligeable. Depuis la dernière campagne des régionales pour laquelle j’avais monté une liste cybernétique pour expérimenter leur utilisation en politique, une scission s’était même produite dans ma propre équipe...
Et maintenant ?
Je vais créer une société de conseil sur les changements d’organisation liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Peut-être à Montpellier, car c’est une ville qui véhicule une image de modernité. Ou à Nantes.