Quelqu’un a bien racheté le nom de domaine du site qui permet à Atos Origin de sécuriser les paiements de l’essentiel des transactions en ligne françaises. Kitetoa révèle de sérieuses failles dans la sécurité d’autres serveurs d’Atos. La direction d’Atos refuse toujours de communiquer sur le sujet.
Ça se confirme. Atos Origin, 27 000 employés, leader français du paiement sécurisé en ligne, a bien oublié de racheter le nom de domaine du site par lequel transitent les transactions des principaux sites d’e-commerce hexagonaux : la Fnac, la Redoute, la SNCF, Koobuy, etc. Entre mercredi soir et jeudi matin, Atos, qui affirme réaliser en moyenne 650 000 transactions par mois, a connu les pires problèmes avec son serveur DNS correspondant au nom de domaine sips-atos.com. Pendant plusieurs heures, comme l’a révélé Transfert, une importante proportion des transactions, réalisées via les sites des sociétés clientes d’Atos, n’ont pu aboutir. La cause de la pagaille : le nom de domaine sips-atos.com avait expiré depuis trois mois, le 9 janvier 2001. Un petit malin s’en est aperçu avant les informaticiens d’Atos. Mercredi 7 mars, quelqu’un a déposé sips-atos.com auprès d’un "registrar" australien, Oznic.com. Vendredi matin, la société australienne d’enregistrement de noms de domaines nous confirmait l’existence de l’acheteur mystère : "Ce nom a bien été enregistré par nos services. L’acheteur ne nous a pas fourni ses coordonnées. Notre système d’enregistrement a donc transmis par défaut nos propres coordonnées." De fait, Network Solutions (qui centralise tous les dépôts de noms de domaines en .com) donnait toujours l’adresse d’Oznic comme contact administratif de sips-atos.com, jeudi en fin de soirée. Vendredi matin, tout semblait rentré dans l’ordre, puisque pour Network Solution, Atos était redevenu le propriétaire légitime de sips-atos.com.
Que c’est-il passé entre jeudi soir et vendredi matin ? Atos, à défaut de faire preuve de célérité - deux mois pour s’apercevoir qu’une adresse n’est plus valide - semble être doué du pouvoir de remonter le temps.
Vendredi en fin d’après-midi, après plus de 24 heures de silence radio, la direction d’Atos affirmait que tout était rentré dans l’ordre "le jeudi 8 mars à 12 heures". Petit hiatus temporel d’au moins neuf heures, entre jeudi midi, heure à laquelle Atos dit avoir repris le contrôle de son adresse, et jeudi soir, lorsque, pour Network Solutions, Oznic était encore la société responsable de sips-atos.com.
Atos ne confirme pas avoir négocié le rachat du nom de domaine de son site de paiement sécurisé. Mais il y a bien eu rachat, comme le confirment des responsables d’Oznic, en Australie. Quant à l’identité et aux motivations de l’acheteur, elles demeuraient toujours mystérieuses, vendredi soir.
Serveurs troués en vrac
Selon Anne de Beaumont, du service de la communication, jointe vendredi soir, "il n’y a plus de problème, la sécurité des transactions est assurée". Circulez, il n’y a rien à voir et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes informatiques. Sauf que vendredi soir, 24 heures après la parution de notre article, le serveur sips-atos.com était toujours piratable en quelques instants. Pour un site qui parle sur sa home page de SSL, de SET et autres technologies de sécurisation des paiements, cela ne fait pas très sérieux. Pour Anne de Beaumont, comme la veille, pour l’assistante du président du directoire d’Atos, Bernard Bourigeaud, ce défaut patent de sécurité n’a visiblement pas grand d’intérêt. Vendredi soir, l’équipe de kitetoa.com dressait une liste non exhaustive de serveurs Web hébergés par Atos, sujets au même bug. Et donc tout aussi facilement piratables. "Un vrai gruyère", ironise le webzine.