Le général Zai d'etoy
Jean-Marc Manach |
Adeptes de la "
désobéissance électronique", fans de l’open-source et ennemis de tout ce qui se présente comme propriétaire : une cinquantaine de personnes s’étaient réunies vendredi 19 mai à Bruxelles pour une soirée "Cultural resistance".
Pionniers de l’Internet en France et traducteurs, entre autres, de la célèbre TAZ d’Hakim Bey (essai culte sur les Zones Autonomes Temporaires et la liberté sur l’internet), les Virtualistes étaient ainsi venus présenter leur nouvelle œuvre, "Article 30". Une installation de réalité virtuelle en 3D qui dénonce l’hypocrisie des "guerres humanitaires". Le groupe a profité des débats pour critiquer les manœuvres du G8 qui souhaite, selon eux, instaurer une "prison cybernétique". De son côté, le collectif d’artistes Constant, organisateur de l’expo Jonction4 (jusqu’au 27 mai à Bruxelles), a lancé une cartographie des caméras de vidéosurveillance à Bruxelles et dans le monde et vient d’annoncer la création de Copycult, "Bureau des plaintes du droit de copie" destiné à recueillir les doléances de ceux qui s’estiment lésés dans leur droit d’auteur ou qui, à l’inverse, veulent résister au harcèlement des "copyrighteurs".
Leonardo, RTMark & etoy
Ces initiatives de "résistance culturelle" connaissent un retentissement croissant à mesure que les procès s’abattent sur les artistes et qu’ils sont amenés à se défendre. Le collectif américain RTMark, connu pour ses opérations de contre-publicité (Commando de libération des poupées Barbie, affaire etoy/eToys, etc.), a ainsi décidé de soutenir l’association Leonardo, accusée par un réseau d’experts ès nouvelle économie d’être mieux référencée qu’eux (lire Leonardo versus Leonardo : l’association se rebiffe !). Ces Américains ont lancé un "concours de moteurs de recherche" pour que les sites de protestation soient référencés devant celui des plaignants, prenant ces derniers à leur propre piège... RTMark a d’ailleurs mis en place une base de données de projets de "sabotages médiatiques" auxquels tout internaute peut contribuer.
Chute de l’action eToys
Autre invité phare de la soirée : Zai, 25 ans (mais il en paraît 18), membre d’etoy. Paré d’un gilet pare-balle orange fluo et de décorations militaires en plastique, le "général" Zai a raconté la bataille de noms de domaine remportée en 1999 contre le marchand de jouets en ligne eToys (lire Etoy l’emporte contre eToys). Défaite qui aurait valu au géant du jouet des pertes atteignant 7,5 milliards de dollars ! L’action d’eToys avait alors chuté de 67 à 20$ suite à la campagne de protestation lancée par les artistes. Pour Zai, le succès d’une campagne réside surtout dans sa capacité à faire dans le spectacle...
Tous ces artistes devraient se retrouver de nouveau en juillet à Bruxelles pour le congrès World-Information qui réunira des artistes, journalistes, agents du renseignement, hommes de sciences et politiques autour de l’art numérique, la contre-information, la société de surveillance...