La section espagnole d’Amnesty International vient de publier une enquête intitulée Clique et torture !. Une dénonciation des jeux vidéo qui transforment meurtres et sévices en de simples divertissements. Entretien avec Esteban Beltran, président d’Amnesty International en Espagne.
Pourquoi publier un rapport sur les jeux vidéo et la torture ?
Notre démarche s’intègre dans la campagne internationale contre la torture que mène notre organisation durant toute l’année 2001, avec des films et des rapports. Les supplices et les violations des droits de l’homme sont aussi très présents dans les jeux vidéo et les jeux en ligne. Un certain nombre d’entre eux, comme Prisonners of War que l’on trouve sur le Net, glorifient la torture et font des assassinats arbitraires leur règle principale.
Quelle a été votre méthode de travail ?
Nous avons enquêté pendant plusieurs mois sur une dizaine de jeux de combat ou d’aventures, en étudiant attentivement le contenu et les règles. Nous avons aussi passé du temps sur le Net, car les jeux en ligne sont en plein développement. Enfin, nous avons fait une analyse des revues spécialisées. Notre travail porte sur l’Espagne, mais nos conclusions sont transposables aux autres pays européens. Plusieurs jeux comportent des scènes d’une violence extrême : meurtres, enlèvements, sévices. Le titre de notre rapport est d’ailleurs une phrase tirée in extenso d’un de ces jeux. Il faudrait un minimum d’informations, sur les boîtes des jeux ou sur les pages d’accueil des sites, concernant la violence de ceux-ci et l’âge minimum requis pour y jouer. Mais il n’existe aucune réglementation dans ce domaine.
Plusieurs études montrent pourtant que les jeux vidéo n’ont pas d’influence sur le comportement des enfants...
Nous ne contestons pas ces travaux, tout comme nous ne nous positionnons pas contre les jeux vidéo. Amnesty n’a pas fait une étude psychologique. Nous nous contentons d’attirer l’attention sur le fait que les enfants, qui restent encore très influençables quoi qu’on en dise, aient accès, sans aucun contrôle, à des jeux dont le but est d’enlever une personne, de la torturer ou de la tuer.
Propos recueillis par Marc Fernandez
Pour télécharger le rapport d’Amnesty Espagne sur les jeux vidéo
http://www.a-i.es