L’"outing" forcé des francs-maçons n’aura duré qu’un temps. Le deuxième site (belge) qui avait republié, hier, la liste incriminée l’a finalement retirée dans la journée. Chronique d’une disparition.
Les identités et coordonnées des vénérables francs-maçons, qui étaient réapparues hier sur le Web, n’y auront finalement fait qu’un petit tour, et puis s’en vont. Jean Nicolas, le journaliste qui avait republié la liste hier matin, a finalement baissé les bras. Averti que la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) avait porté plainte contre l’auteur du premier site, il s’est empressé de supprimer, dans la journée, les pages sulfureuses. Contacté par Transfert, Jean Nicolas fait même son mea culpa : "Je ne pensais pas à mal. Je ne voulais pas aller à l’encontre de la Cnil dont je respecte "l’autorité morale" et le sérieux." Bigre...
Des carnets de Sirven au rapport
Journaliste indépendant et "d’investigation", Jean Nicolas se fait fort d’enquêter sur les affaires de pédophilie, de corruption, de blanchiment d’argent, les malversations et autres "dossiers" mettant en scène puissants (des secteurs publics et privés) et services de police ou de renseignements. Son journal, l’Investigateur, sous-titré "L’hebdo qui publie ce que les autres n’osent pas publier", est disponible sur abonnement en version papier, mais il publie aussi, sur son site web, certains documents "sensibles". Exemple : les carnets d’Alfred Sirven, ou encore "Gauche 2000", le très controversé rapport des Renseignements généraux sur les divers mouvements et personnalités classées à gauche. L’an passé, la LDH (Ligue des droits de l’homme) belge s’était émue lorsqu’il avait annoncé la publication d’une liste de pédophiles présumés tirée d’un rapport de police. Ironie de l’histoire, Marc Dutroux avait, alors, lui aussi, porté plainte contre le journaliste. À l’époque, la presse tabloïd anglaise venait de lancer ce genre d’"outing" forcé, s’attirant nombre de critiques dans le monde entier. Illustration du "combat" journalistique de Jean Nicolas : il n’hésitait pas à soutenir qu’il valait mieux prendre le risque de publier le nom d’innocents, du moment que les noms de véritables pédophiles sortaient...
Pour en revenir aux listes franc-maçonniques, personne ne s’était pourtant ému de la publication, le 3 mai dernier sur l’Investigateur, d’une première liste des membres de la Grande loge de France. Jean Nicolas, devant la tournure prise par toute cette affaire, a décidé de la retirer et par là même de s’autocensurer une seconde fois. Non pas qu’il craigne les tracas de la justice - avec laquelle il est habitué à composer - mais parce qu’il déclare comprendre les motivations de la CNIL. Restent alors les carnets de Sirven, ou encore le rapport des RG...