Gnutella bon pour... les égoïstes
Selon une étude de la firme Xerox, une large majorité des utilisateurs de Gnutella seraient des égoïstes : volontairement ou involontairement, ils consomment les fichiers échangés sans en fournir.
L’étude n’a pas été conduite par un organisme indépendant, mais par le laboratoire de recherche de Xerox, fabricant bien connu de fax et d’imprimantes. Certes, il y a peu de chance pour que la direction d’une société aussi respectable ait grande sympathie pour Gnutella, le système d’échange gratuit de fichiers MP3. Mais le rapport rendu par deux chercheurs du centre de Palo Alto (Californie) a le mérite d’être clair : les utilisateurs de logiciels comme Gnutella sont des égoïstes. Volontairement ou pas, ils n’échangent pas, ils se servent. En terme technique, on appelle ça le " free riding ", c’est-à-dire le butinage. À sens forcément unique.
Les involontaires et les autres
Cette conclusion repose sur l’observation 24 heures durant menée un week-end sur un réseau gnutellien de 31 000 membres. Cette étude révèlerait que pas moins de 90 % des internautes se servent sur le disque dur des autres, sans partager aucun fichier ou très peu. Concrètement, plusieurs cas se présentent : d’abord, il y a tous ceux qui n’ont rien à partager. Ensuite, une majorité d’internautes (61 %) possèdent des fichiers qui ne font pas ou peu l’objet d’une requête. Là, pas de chance : ceux qui mettent leurs stocks à disposition ne possèdent pas le matériel le plus intéressant.
Certains enfin rendent leurs fichiers inaccessibles aux autres. En un mot, ils paramètrent leur ordinateur afin de bloquer l’accès à leur disque dur, et ce, pour diverses raisons, notamment économiques (lire : Gnutella fait mal au portefeuille
)Au total, l’étude met en évidence un fossé vertigineux : seulement 25 % des utilisateurs de Gnutella fournissent 98 % des fichiers consommés. Pire : 1 % d’entre eux fournissent 40 % de la matière MP3 échangée !
Gnutelliens = parasites ?
Gnutella ne serait pas le système communautaire égalitaire que l’on pense. L’étude de Xerox n’est naturellement pas dénuée d’arrière-pensée :" Puisque les fichiers sont considérés comme un bien publique, que les utilisateurs ne sont pas taxés en proportion de leur utilisation, il apparaît rationnel aux gens de les télécharger sans contribuer ", note assez perfidement Eytan Adar, co-auteur du rapport. En clair : Gnutella rend profiteur, voire parasite. Ce qui pourrait " dégrader considérablement les performances du système tout entier ". Et l’étude, sous ses airs de ne pas y toucher va encore plus loin : comme les principaux fournisseurs de fichiers sont peu nombreux et facilement repérables par leurs adresses IP, ils pourraient " malheureusement " faire l’objet de poursuites judiciaires par les grands groupes, regroupés au sein de la Recording Industry Association of America. La RIAA est d’ailleurs toujours en procès pour faire fermer Napster. L’étude cite la RIAA, mais ce n’est qu’un exemple, naturellement...