L’annuaire Yahoo ! " sponsorise " désormais des sites, Amazon, la Fnac et Napster vont passer à des services payants. Le mythe de la gratuité des services sur Internet a-t-il vécu ?
La chose est maintenant de notoriété publique : les revenus publicitaires ne suffisent plus à entretenir le train de vie des start-ups. La nouvelle économie est à la recherche d’argent frais et, pour survivre, elle met de côté ce qui fut l’un de ses atouts promotionnels : la gratuité des services. L’exemple vient d’en haut. Le géant du e-commerce Amazon a ainsi annoncé cette semaine qu’il ferait désormais payer de 10 000 dollars (70 000 F) aux éditeurs pour les faire apparaître dans ses lettres de diffusion. Le service était gratuit auparavant. Gratuit, comme la livraison des produits de plus de 150 F achetés sur le site de la Fnac. Le libraire français a lui aussi décidé récemment de faire payer ses services. Une évolution normale, selon Bernard Maître, directeur associé du fonds d’investissement Galileo Partners : "Il y avait tellement peu de monde sur Internet, il fallait bien amorcer la pompe par la gratuité. C’étaient de simples promotions sur lesquelles il fallait bien revenir."
La défaite du gratuit
Cependant, la gratuité ne constituait pas seulement une stratégie de survie commerciale, mais aussi un des grands mythes du Net. La publicité, avançait-on, pourrait peut-être suffire à assurer des revenus à quelques sites. La réalité est plus nette : "Le modèle publicitaire ne fonctionne que pour certains sites. Les autres, ils trouvent une solution ou ils crèvent", souligne Bernard Maître.
Autre symbole de la défaite du gratuit, la volte-face de Napster. Le site d’échange de fichiers musicaux devrait bientôt faire débourser à ses fidèles 5 à 15 dollars par mois pour s’en mettre plein les oreilles. Même la version américaine de l’annuaire Yahoo ! s’est mis en chasse d’argent : la mini révolution, fomentée dans la plus grande discrétion, s’appelle Business Express. Cette offre permet aux sites qui veulent être indexés sur Yahoo ! de passer en priorité : pour 199 dollars, leur dossier est étudié en sept jours au lieu des 4 semaines (voire des 3 mois) habituels. Une manière astucieuse de profiter des lenteurs logistiques. "Nous réfléchissons à l’adaptation de cette offre sur le marché français", confie Nathalie Dray, de Yahoo France.
Algorithmes impartiaux
Mais il y a plus : aux ...tats-Unis, Yahoo a décidé de "sponsoriser" des sites, c’est-à-dire de les mettre en valeur dans un encart jaune, juste avant la liste des rubriques (qui, elle, demeure par ordre alphabétique). Certes, l’offre ne perturbera pas les internautes, car le caractère publicitaire de l’opération est visible. Mais qui sait si, dans quelques années, elle le restera : il existe déjà sur Yahoo ! US la liste des "sites les plus populaires", classés dans cette glorieuse catégorie en vertu d’algorithmes compliqués, mais impartiaux. Pourquoi ceux qui payent ne seraient-ils pas les plus populaires ?