AOL et Time Warner hésitent encore à fusionner leurs fichiers clients. AOL s’est engagé à protéger les données personnelles de ses abonnés, mais pas Time Warner, qui aimerait tirer profit de ses 130 millions d’identifiants.
Selon le Los Angeles Times, AOL et Time Warner seraient en passe de mettre en commun leurs fichiers clients. Si cela peut, somme toute, sembler logique au vu des objectifs et des business plans des deux géants, la question reste de savoir quelle sera la politique choisie en matière de protection des données personnelles. En effet, si les deux entités sont bien connues pour leurs politiques agressives en matière de profiling de leurs clients, AOL, comme toute entreprise de la nouvelle économie qui se respecte, a mis en place une charte bien plus restrictive que celle de Time Warner. En bonne adepte du marketing direct, cette dernière ne s’embarrasse pas des subtilités de la privacy pour gérer ses fichiers. AOL proscrit ainsi toute utilisation, revente ou location à des tiers (et même à ses filiales) des informations personnelles concernant ses clients, exceptés leurs noms et adresses. À l’opposé, rapporte le Los Angeles Times, Time Warner se réserve le droit de faire ce qu’elle veut des données collectées, à moins qu’on ne lui ait clairement demandé de ne pas s’en servir (sur le principe de l’opt-out). Ainsi, elle met en vente des profils indiquant l’âge et l’appartenance ethnique de ses clients, mais aussi les chaînes câblées auxquelles ils sont abonnés.Tout en utilisant force cookies pour suivre à la trace les mouvements des internautes sur les très nombreux sites de la galaxie Time Warner. Ces cookies peuvent, semble-t-il, aider au recoupement d’autres informations dont la société dispose, au sujet de ses clients.
AOL + Time Warner = deux fois la France
Il ne semble pas être question de fusionner les deux chartes de protection des données personnelles. De part et d’autres, dans les différentes sociétés du groupe AOL-Time Warner, on clame que la vie privée des clients sera respectée, à l’aune de la charte qui leur a été signifiée. Mais Time Warner semble vouloir faire le forcing, et exploiter les fichiers d’AOL. Gerald Levin, l’un des pontes de Time Warner, s’est ainsi récemment illustré en déclarant, à l’intention des investisseurs, qu’il fallait pouvoir optimiser les profils des clients d’AOL afin d’en tirer le maximum de profit. "Cela n’a rien à voir avec Big Brother, a déclaré Levin, l’objectif est d’arriver à quelque chose qui puisse venir en aide aux gens, et de passer d’informations concernant leurs modes de vie à des transactions individualisées." Les dirigeants d’AOL-Time Warner ont également promis aux investisseurs de Wall Street qu’ils augmenteraient leurs bénéfices issus du commerce et de la publicité de 20 % cette année, de façon à en tirer la bagatelle de dix milliards de dollars.
L’un des responsables de la fusion AOL-Time Warner, Robert Pittman, a néanmoins démenti toute idée de fusion des divers fichiers client du géant des télécommunications : "Je ne pense pas que c’est ce que les consommateurs désirent." En attendant, la charte de protection personnelle du site d’AOL-Time Warner spécifie bien que l’entreprise se réserve le droit d’en modifier la teneur à tout moment. À eux deux, les magnats disposent d’une assise de 130 millions de clients, soit plus de deux fois la population française.