C’est presque trop gros pour être vrai. Mais il semble que cela ne soit pas un gag : les services de renseignements américains, via la NSA, principal instigateur d’Echelon, ont "vérifié" les outils de crypto de la Commission européenne.
Ça ressemble à de l’intox, ça a le goût de l’intox,
mais ce n’est (peut-être) pas de l’intox. À en croire Libération
, le responsable ès cryptage des communications de la commission européenne
n’aurait rien trouvé de mieux que de demander à ses collègues
de la National Security Agency de vérifier "régulièrement" les
systèmes utilisés pour communiquer avec la soixantaine de bureaux
de la Commission Européenne situés à l’étranger "pour
voir s’ils sont bien verrouillés et s’ils sont correctement utilisés".
Mais que l’on se rassure : malgré deux semaines de tests, les agents de
la NSA ne seraient pas parvenus à percer ces systèmes. En tout cas,
c’est ce qu’affirme Desmond Perkins, ledit responsable, qui avoue avoir de "très
bons contacts à la NSA"... dont son beau-frère. De l’aveu
même de Perkins, celui-ci travaille, en effet, au sein même de la
plus puissante des agences de renseignements, tête pensante du réseau
Echelon et qui n’hésite pas à affirmer haut et fort qu’elle possède
la plus puissante des équipes de cryptographes au monde. Les eurodéputés
chargés de la commission d’enquête sur le système d’interception
Echelon ne lui avaientt pourtant rien demandé, mais Perkins se serait laissé
aller à ces confidences avec la plus parfaite bonne foi. De fait, Perkins
n’avait pas caché l’emploi de son beauf’. À en croire l’édition
du Monde
de ce jour , il suffit à un des ...tats membres de la Commission Européenne
de dire que tel ou tel fonctionnaire est "sûr" pour qu’elle
accepte ce "brevet de bonnes murs". Sauf que Perkins est britannique,
et que l’Angleterre est le principal partenaire des Américains pour ce
qui est d’Echelon, d’aucuns accusant d’ailleurs le Royaume-Uni d’être un
agent très infiltré par les Américains au sein de l’Union.
La NSA un argument de ventes
Visiblement très perturbé par ces "révélations",
Jonathan Faull, le porte-parole de la Commission, explique aujourd’hui à
Libération
que Perkins s’était "mal exprimé" : "l’entreprise
Siemens, qui a fabriqué notre système de cryptage, nous a expliqué
qu’il avait été testé par la NSA. C’était un argument
de vente. Cela s’est passé il y a dix ans." Problème :
Siemens était la "sur cachée" de Crypto AG,
une société suisse qui fut, en 1998, au cur de l’un des plus
grands scandales liés à l’espionnage des télécommunications.
Avec l’aide du BND, le service de renseignement allemand, mais surtout de la NSA,
Crypto AG avait implanté une porte dérobée dans son logiciel
de chiffrement qui était présenté à l’époque
comme " le plus sûr, sophistiqué et réputé du
monde". Plus de 120 pays utilisaient les machines CryptoAG, qui "avaient
été configurées pour qu’à chaque utilisation, la clé
de chiffrement aléatoire soit transmise clandestinement à Washington
avec le message chiffré d’origine" (voir
l’articledu bulletin lambda ). Selon Wayne Madsen, un ancien agent de la
NSA par qui ce scandale arriva, Crypto AG (dont deux des principaux conseillers
travaillaient en fait pour Siemens) était contrôlée par les
services de renseignements allemands. L’Allemagne fait elle aussi partie des nombreux
partenaires de la NSA, et accueille à Bad Aibling une station d’écoute
et d’interception des télécommunications du programme Echelon.
D’après Libération, la "culture de la sécurité"
n’existe pas à Bruxelles. Ainsi, et entre autres, les locaux n’ont pas
été conçus pour être protégés des écoutes
intempestives, au point que Javier Solana, responsable de la politique étrangère
de l’UE, a requis le déménagement des services du Conseil des ministres
s’occupant de défense. Le moins que l’on puisse dire en tout cas, c’est
que de telles déclarations, qu’il s’agisse d’une gaffe ou d’un véritable
scandale en devenir, a tout pour plaire à la commission d’enquête
sur le programme Echelon.
http://www.caq.com/CAQ/caq63/caq63madsen.html
http://www.caq.com/CAQ/caq63/caq63m...
Big Brother à la Commission, Bruxelles s’empêtre:
http://liberation.fr/quotidien/sema...