Les projets communs dans la presse française, surtout de cette ampleur, sont rares : 19 quotidiens, dont deux nationaux (Libération et Le Figaro) et des pointures de la presse régionale (La Voix du Nord, Le Dauphiné Libéré, Sud-Ouest, Le Progrès...) se sont unis au sein du réseau Viapolis France. À la clé, la mise en place d’un réseau de cityguides, ou guides urbains en ligne, qui couvrirait 35 villes de l’Hexagone dans les deux ans à venir. Près de 65 millions de francs ont été investis dans le projet. Sa force ? "Nous bénéficierons avant tout de la caution dont jouissent les titres de presse", estime Michaël Bourguignon, directeur général de Viapolis et de ParisAvenue, le guide urbain du Figaro. Car le futur réseau entend apporter une plus-value journalistique aux habituelles fiches des restaurants et des sorties culturelles : les commentaires et le regard critique des journalistes.
Grands absents
Pour l’instant, le projet est loin d’être finalisé. Tout d’abord, il faudra que les journalistes accordent le droit de reproduire leurs articles : la chose se fera au cas par cas. De plus, il va falloir répartir les zones d’action de chacun : comment cumuler les articles de ParisAvenue et Libération, qui couvriront tous deux Paris ? "Il faudra y réfléchir", admet Michaël Bourguignon. Enfin, Viapolis n’a réussi à attirer dans ses filets ni Ouest-France (et son guide MaVille), ni le Télégramme de Brest (et son VivalaVille). Par ailleurs, Viapolis ne couvre pas encore l’Alsace et la Lorraine, ni le Sud-Est.
Marché serré
Il n’empêche que son arrivée sur le marché risque de faire des dégâts, car les guides urbains sont encore peu nombreux à jouir d’une telle notoriété. Le premier sur le marché français, WebCity (104 000 visiteurs uniques en septembre 2000, selon NetValue) lancé en 1998, compte sur son avance pour tirer son épingle du jeu, mais surtout sur son partenariat avec le groupe Carrefour. Le géant de la distribution va lui amener une logistique publicitaire énorme, et un changement de cap : " Nous nous adressions à l’internaute lecteur. Nous nous adresserons davantage à l’internaute consommateur ", résume Jérome Falcon, direction de la communication de Webcity. Une bonne manière de se démarquer de Viapolis, mais la formule va-t-elle séduire ? Le second du marché, CityVox mise, lui, sur un réseau européen pour survivre. Quant aux autres, ils ne guideront peut-être plus longtemps...