Le gouvernement japonais stigmatise le retard pris dans le développement d’Internet.
Le gouvernement japonais a annoncé mercredi 30 août la mise en œuvre d’un vaste plan de développement d’Internet sur cinq ans. Le but : déplacer le centre de gravité du Web de la côte ouest des ...tats-Unis vers l’archipel nippon. La tradition japonaise des grandes politiques de relance volontariste, jusqu’ici limitée à l’industrie, connaît son premier avatar dans l’économie du Net. Le plan, élaboré en collaboration avec les principales sociétés du secteur, notamment Sony, vise deux objectifs majeurs : lancer une campagne d’investissements massifs dans les infrastructures à haut débit (fibre optique et ADSL) et saborder "les restrictions légales qui grèvent le développement du e-commerce". Comme l’obligation d’échanger des documents écrits lors de toute transaction sur le Net. Les conditions d’application du plan devraient être rendues publiques avant le mois de décembre, selon le gouvernement.
Des tarifs prohibitifs
Avec plus de 20 millions d’intenautes pour un pays qui compte 127 millions d’habitants, le Japon représente le deuxième marché mondial d’Internet, loin derrière les ...tats-Unis (119 millions d’internautes). Le Japon est encore peu équipé par rapport aux pays occidentaux et aux "tigres" asiatiques. Seuls 11 % des foyers sont connectés à la Toile, contre 37 % aux ...tats-Unis et 26 % en France. Principal frein : les coûts de connexion. L’opérateur téléphonique national, NTT demeure en situation de quasi-monopole. Il contrôle 97 % de l’accès à Internet. Il faut compter 500 à 600 francs par mois pour une heure de connexion quotidienne ! Pour Jean-François Thomas, directeur du bureau japonais de France Télécom, le plan annoncé par le premier Ministre Yoshiro Mori tient pour une bonne part de l’effet d’annonce : "Le gouvernement japonais n’est pas du tout décidé à s’attaquer au monopole de NTT." Michel Temman, 31 ans, dirige ID’A, une petite agence de presse installée à Tokyo. Il raconte : "Toutes les sociétés de la Bit Valley de Shibuya, poussent depuis des années le gouvernement à libéraliser le marché des télécommunications. Mais la pression décisive est venue tout récemment des ...tats-Unis." Lors du dernier sommet du G8, en juillet 2000, l’administration américaine a demandé au Japon de diminuer de 40 % le prix de ses communications. Le gouvernement japonais a en partie cédé : le tarif local que facture NTT aux sociétés de télécommunication étrangères devrait baisser de 20 % d’ici deux ans.
Le e-commerce en panne
Le commerce en ligne tarde à décoller. "Les Japonais ont une très forte culture du cash. Ils se servent par exemple très peu de cartes bancaires et rechignent encore à faire des transactions en ligne", remarque Jean-François Thomas. En 1999, la part du Japon dans le chiffre d’affaires mondial de la vente au consommateur (Business to Consumer) sur le Web n’était que de 6 %. C’est peu par rapport au poids économique global du pays (15 % du PNB mondial). Les Japonais préfèrent utiliser Internet pour communiquer et s’informer que pour acheter ou vendre. Le succès du réseau I-mode, qui permet d’accéder à l’Internet via son téléphone mobile, a été fulgurant. "Ça a été un effet de mode massif et rapide comme en connaît régulièrement le pays", explique François Cadiou, qui travaille à Tokyo pour une agence Web. Lancé il y a un peu plus d’un an par NTT, l’I-mode pourrait prochainement atteindre les 15 millions d’abonnés, pour la plupart âgés de moins de 30 ans. D’après Michel Temman, "les jeunes Japonais raffolent du I-mode. Ils l’utilisent pour se tenir au courant des dernières infos et s’envoyer pleins de mails."
Si la Net économie décolle moins vite au Japon que dans les autres pays développés, c’est peu être en partie à cause de l’organisation de la société nippone. C’est en tout cas ce que croit Jean-François Thomas : "L’économie d’Internet n’a pas besoin d’acteurs intermédiaires. Or, avec ses sous-traitants en cascade, l’économie japonaise est la forme de capitalisme qui a poussé le plus loin la hiérarchisation", explique-t-il. L’économie nipponne ferait bien de se préparer au raz-de-marée Internet...
La chambre du commerce et de l’industrie française au Japon
http://www.uccife.org/japon/present...
La présentation du plan sur le site du premier ministre, Yoshiro Mori
http://www.kantei.go.jp/foreign/ind...