L’extension des forêts n’est peut-être pas la panacée pour enrayer l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et stopper le réchauffement climatique. Une étude publiée dans la dernière édition de la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas) constate que lorsque la température moyenne augmente, les arbres des forêts tropicales ont tendance à fixer moins de gaz carbonique (CO2).
Les végétaux, et plus particulièrement les arbres, sont l’un des principaux "pièges à CO2" de la planète. Grâce à la photosynthèse, ils transforment le CO2 atmosphérique en oxygène et en sucres.
Le Panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC) estime que d’ici 2050, 12 à 15 % du CO2 généré par la combustion des dérivés pétroliers pourront être absorbés par de nouvelles plantations d’arbres.
Problème : ces estimations ne prennent pas en compte l’effet de la température moyenne sur le métabolisme des forêts, mis en évidence par l’étude publiée par la revue Pnas.
De toutes les mesures recommandées par le protocole de Kyoto, l’incitation au développement et à l’extension des zones forestières grâce au système de "crédits d’émission" était l’une des seules à avoir reçu l’approbation des Etats-Unis.
Grâce aux crédits d’émission, une société s’achète une sorte de "droit à polluer", en échange de plantations d’arbres.
Les forêts tropicales fixent 80 % du CO2 absorbé par les végétaux. L’évolution de l’une de ces forêts tropicales, située au Costa Rica, a été étudiée durant 16 ans, entre 1984 et 2000, par des chercheurs américains de l’Institut océanographique Scripps et de l’Université du Missouri.
Ces derniers ont constaté que plus les températures ont augmenté, plus la croissance annuelle des arbres s’est ralentie. Cet effet a été particulièrement marqué durant la période particulièrement chaude provoquée par El Niño en 1997-98.
Plus le climat s’est réchauffé, moins la photosynthèse de la forêt du Costa Rica a été efficace.
En conséquence, selon ces scientifiques, plus nous laisserons le climat se réchauffer, moins nous pourrons compter sur les forêts pour nous sauver du sauna planétaire.
L’article de Pnas:
"Tropical rain forest tree growth and atmospheric carbon dynamics linked to interannual temperature variation during 1984-2000" (D.A. Clark, Piper, Keeling, et D.B. Clark):
http://www.pnas.org/cgi/content/sho...