C’est l’hécatombe dans la communauté française du partage de fichiers. Avant même son adoption, la future loi sur l’économie numérique (LEN) pousse de plus en plus de plates-formes de piratage à s’auto-détruire. RV007Web, edonkey-divx et edonkeyfr figuraient parmi les sites les plus connus des utilisateurs francophones du système d’échange Edonkey2000. En l’espace d’une semaine, ils sont tous devenus inaccessibles.
Certains, comme edonkeygoogle.fr, ont tout simplement disparu pendant le week-end. D’autres, comme le forum Oxmo, affichent depuis vendredi dernier une page d’accueil statique faisant état de problèmes techniques, ou encore d’une soi-disant surcharge des serveurs.
Le P2P insaisissable
Le 12 avril, juste avant la suspension du site, l’un des webmestres de edonkeyfr a avoué sur son forum les raisons de la débandade. "La peur du gendarme : il y avait des rumeurs, il y en a toujours. Les modérateurs démissionnent, les administrateurs aussi. Des messages tombent selon lesquels des perquisitions seraient en cours." Des perquisitions hypothétiques, dont aucune n’a était confirmée pour l’instant ?
Deux ans après la mort de Napster, étouffé par les poursuites judiciaires, d’autres réseaux d’échanges de fichiers basés sur le principe du "peer to peer" (P2P) ont pris le relais. Les industries de la musique, du logiciel et du cinéma ne sont toujours pas parvenus à réduire l’ampleur du piratage. Bien au contraire ? Pour ne pas connaître la même mésaventure que Napster, les Kazaa, edonkey2000 et autres Piolet, utilisent des protocoles décentralisés. Chaque utilisateur connecté y fait office de serveur. Résultat : attaquer un réseau d’échange P2P en justice reviendrait à poursuivre l’ensemble des internautes qui s’en servent. Soit quelques millions de personnes éparpillées dans le monde.
Dissuasion contre décentralisation
Attirant de plus en plus d’internautes, les nouveaux systèmes décentralisés proposent de pirater des albums de musique, des films (sous le format divx) ou encore des jeux vidéo, parfois bien avant leur sortie dans le commerce. Avec un logiciel tel qu’Emule, qui permet de télécharger directement les fichiers listés, un site comme edonkey-divx (déconnecté depuis mercredi dernier) faisait presque office de distributeur en ligne de "loisirs numériques". Au grand dam des industriels, qui n’ont pas pu ou voulu mettre le même type de système de distribution à la disposition des internautes.
Si elles sont incapables de se débarrasser des réseaux de P2P, les majors du cinéma et de la musique, grâce à la future LEN, auront bientôt la possibilité de poursuivre les webmestres de sites français publiant des listes de fichiers piratés. La dissuasion ne touche pour l’instant que les webmestres, puisque les internautes français peuvent poursuivre leurs piratages via les nombreux sites étrangers qui eux, sont toujours en ligne.
Quelques-uns des sites de piratage français disparus:
edonkeyfr
edonkey-divx
edonkeygoogle
RV007Web
Ratiatum, le site français de référence sur l’univers du P2P:
http://www.ratiatum.com/
Zeropaid, son équivalent en anglais:
http://www.zeropaid.com/