Un directeur de Microsoft, appelé a témoigner dans le procès contre sa société pour comportement anti-concurrentiel, a défendu le droit d’altérer Windows pour amputer les performance de logiciels concurrents.
Le vice président de Microsoft en charge de Windows, Christopher Jones, a témoigné hier, jeudi 25 novembre 2002, dans le procès intenté à sa société pour abus de position dominante. Pour contrer les propositions de sanctions des neufs Etats américains qui poursuivent encore Microsoft, il a affirmé qu’elles nuiraient à la convivialité et à la facilité d’utilisation d’un ordinateur individuel. Il a en outre défendu le droit de Microsoft d’altérer son système d’exploitation Windows pour réduire les performances de programmes concurrents (logiciels audio et vidéo, navigateur Internet, etc.) !
Windows light
Christopher Jones est le neuvième témoin appelé à la barre pour la défense de Microsoft. Auparavant, du 18 mars au 15 avril 2002, ce sont les neufs Etats poursuivants qui avaient fait défiler leurs témoins à charge. Leur objectif est d’obtenir que Microsoft soit sanctionné plus durement que ne le prévoit l’accord amiable élaboré en novembre 2001 par le secrétariat d’Etat américain à la justice. Ils exigent que Microsoft mette sur le marché une version allégée et ouverte de Windows, dépouillée non seulement des applications intermédiaires audio, vidéo, de courrier électronique ou de navigation sur Internet, mais aussi des programmes de reconnaissance vocale, de calendrier, de carnet d’adresse, de synchronisation avec les agendas électroniques, etc. Cette version light devant, bien entendu, permettre aux concurrents de Microsoft d’y greffer leurs logiciels.
Chantage peu crédible
Microsoft est fermement décidé à tout tenter pour éviter cela. Son principal argument est de dénoncer l’implication de ses concurrents dans la rédaction même des sanctions proposées par les Etats. Ces remèdes profiteraient donc à ses concurrents — AOL Time Warner, Novell et Sun Microsystems en tête —, mais " risqueraient de provoquer des dommages à l’écosystème et à l’économie du PC " (dixit Jim Desler, porte-parole du groupe) et, in fine, nuiraient aux consommateurs. Deuxième argument choc de Microsoft : il serait techniquement impossible proposer une version dépouillée de Windows qui fonctionne correctement . Bill Gates en personne, qui a témoigné lundi 22 avril, a soutenu ce raisonnement qu’un témoin convoqué par les Etats avait pourtant battu en brèche. Combatif, le fondateur et président de Microsoft a même menacé de retirer Windows du marché si les sanctions proposées lui étaient imposées ! Une telle éventualité semble pourtant improbable.