Lundi 6 octobre, la direction de Motorola a annoncé son intention de créer dans un délai d’un an une entreprise indépendante pour sa branche semi-conducteurs, dont le chiffre d’affaires est en baisse. Cette activité emploie 2300 personnes en France, dont 2100 sur le site de Toulouse. Malgré les promesses rassurantes de la direction, les syndicats craignent que cette décision n’entraîne un vaste plan social.
La division Semiconductor Products Sector (SPS) de Motorola emploie 27 000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires de 4,06 milliards d’euros en 2002. Un résultat en baisse de 11 % par rapport à l’année précédente.
SPS, un fabricant de puces qui fournit entre autres les ordinateurs d’Apple, verra ses activités regroupées dans une nouvelle entité indépendante, dont une partie des actions fera l’objet d’une offre publique d’achat, après avis de la Securities Exchange Commission (SEC), l’équivalent américain de la COB (Commission des opérations de bourse).
En France, la division SPS est principalement implantée à Toulouse et fabrique des puces de type "SmartMos" destinées à 80 % à l’industrie automobile (airbags, ABS, contrôle du moteur, etc).
"Pas de restructuration sans casse sociale"
Lors du comité central d’établissement extraordinaire qui s’est tenu lundi à Toulouse, la direction de Motorola France a confirmé aux représentants du personnel la décision de la maison-mère américaine.
"Ce choix de dissocier les activités permettra de clarifier la stratégie de Motorola et ses produits, explique Michel Abitteboul, chargé de la communication pour le site toulousain. Chaque entité pourra se recentrer sur son activité principale."
Tout en reconnaissant que le secteur des semiconducteurs subit depuis 2001 une phase de récession assez brutale, ce responsable estime que Motorola ne fait que suivre une démarche déjà engagée par des concurrents comme Siemens, Hewlett-Packard ou Lucent... "La période nous semble favorable car il existe de bonnes espérances de reprise pour le début 2004", explique Michel Abitteboul, qui estime que le processus de séparation devrait aboutir dans un an.
Au sujet de l’avenir des salariés de SPS, la direction de Motorola se veut en tout cas rassurante. "Tout changement génère des inquiétudes mais à Toulouse, rien ne changera puisque nous garderons les mêmes produits, le même marché et les mêmes clients", avance le responsable de la communication.
Un optimisme que ne partagent pas les représentants du personnel. "On n’est pas vendus, on est à vendre. On nous dit qu’il n’y aura pas de suppression d’emplois aujourd’hui. Mais demain qu’en sera-t-il lorsque nous serons devenus une entreprise indépendante ?, s’interroge Pascal Canizarès, délégué CGT. On n’a jamais vu de restructuration sans casse sociale !"
Pour le syndicaliste, il est clair que le fabricant américain cherche à se débarrasser de son activité semi-conducteurs. "Au final, la participation de Motorola sera inférieure à 51 % des parts de la nouvelle entreprise, sinon nous garderions le même nom."
Pour l’heure, aucune action spécifique n’est envisagée par les syndicats. "Nous allons continuer à demander aux différents acteurs politiques d’agir pour que nous obtenions des garanties sur le maintien des emplois et la pérénité de l’activité", explique Pascal Canizarès.