On croyait la hache de guerre enterrée entre Napster et l’industrie du disque. Mais les majors menacent de porter à nouveau plainte, car le site ne respecterait pas l’injonction de filtrer. Ce qui a le don d’énerver Napster.
Julien Chambaud |
Qui a dit que l’affaire Napster était terminée ? Pas la Recording Industry Association of America (RIAA), en tout cas. Les géants de l’industrie musicale ont menacé, jeudi 22 mars, de traîner derechef devant les tribunaux le site d’échange de fichiers musicaux, et ce pas plus tard que la semaine prochaine. Motif : Napster ne se plierait pas de bonne grâce à
la décision de justice du 6 mars dernier, obligeant le site à filtrer plusieurs milliers de fichiers musicaux. Notant que l’injonction de la cour fédérale n’était assortie d’aucune sanction si elle n’était pas respectée, la RIAA a brandi la menace : porter plainte à nouveau parce qu’elle estime les efforts de Napster, pour bloquer l’accès aux fichiers protégés par le copyright, insuffisants.
Ça raisonne
"Faux !", répliquent les avocats du site californien : le filtrage devait se faire sur la base de listes dressées par les majors elles-mêmes. Or, celles-ci ne spécifient pas suffisamment les intitulés des morceaux en question sur un site, où, comme chacun sait, les internautes malins tapent Fade 2 Black pour télécharger la chanson Fade to Black et Metalica pour Metallica. La juge Patel, chargée de l’affaire, avait elle même estimé la RIAA un peu chipoteuse et a demandé que des efforts "raisonnables" fussent consentis de la part des deux parties. Dans une telle situation, Napster a beau jeu de faire part de son agacement : les listes de la RIAA sont mal fichues, bourrées d’inexactitudes. Pire, plaide Napster, certaines majors entendent protéger des chansons sur lesquelles elles n’ont aucun droit ! Le site brandit une pétition de soutien : "L’industrie du disque ne cessera pas, tant qu’elle n’aura pas eu la peau du partage de fichiers. Nous ne la laisserons pas faire", martèle un pop-up sur le site.
Emusic s’y met aussi
De son côté, le diffuseur indépendant de musique en ligne Emusic (qui produit notamment Elvis Costello) est passé à l’action, en annonçant le lancement d’un logiciel de filtrage du réseau napstérien. Au mois de novembre 2000, Emusic avait déjà brandi la menace de pister les morceaux qui lui appartiennent sur Napster et s’était fait vertement remettre en place. Il faut croire que le vent a tourné depuis.