Une société basée au Panama vend sur son site des passeports costaricains et d’autres pays d’Amérique centrale et latine. Pour une centaine de milliers de dollars, on peut devenir diplomate de ces paradis fiscaux...
"Un deuxième passeport à partir de 16 000 dollars." L’offre diffusée sur le site passthrough.com a de quoi allécher tous les Alfred Sirven et autres criminels en fuite de la planète. Enregistrée au Panama, la société Cybersys SA, éditrice de ce site, est spécialisée dans la création de sociétés offshore et dans la gestion de comptes bancaires. C’est sûrement la raison pour laquelle elle n’a pas de siège social, mais partage des locaux avec une autre boîte du même genre, Cyberholding Limited. Et comme par hasard, aucun contact, aucun nom, aucun numéro de téléphone n’apparaissent sur le site, à part un mail général et un formulaire à remplir afin de faire connaître son intérêt pour cette offre peu commune.
65% à la commande
Pour devenir titulaire d’un passeport costaricain, panaméen ou guatémaltèque, rien de plus simple grâce à passthrough.com. Il suffit juste d’avoir de l’argent, et pas qu’un peu. Car pour 16 000 dollars (environ 110 000 francs), vous n’aurez droit qu’à un passeport classique renouvelable tous les 10 ans. Rajoutez 2 000 dollars et vous aurez le droit de changer de nom, 1 500 dollars de plus pour recevoir un certificat de nationalité, 750 dollars pour un certificat de mariage. Pour recevoir ces précieux documents, il faut débourser 65% de la somme au moment de la commande, et les 35% restant au moment de la confirmation et de l’envoi des papiers. Un simple RIB envoyé par fax permet de réaliser la transaction. Dans ce genre de business, tout repose sur la confiance...
Contacts au plus haut niveau
Mais tout ceci n’est rien comparé à l’offre spéciale sobrement nommée "la Suisse américaine" et réservée à des clients triés sur le volet : 120 000 dollars pour un passeport diplomatique du Costa Rica, une carte d’identité et un permis de conduire tous neufs ! Avec 40 000 dollars de plus, vous voilà nommé Consul honoraire de ce pays... Une situation qui ne fait pas du tout rire les autorités de ce petit pays d’Amérique centrale. Interrogé par la presse locale, le ministre des Affaires étrangères, Roberto Rojas, a indiqué qu’il avait ordonné l’ouverture d’une enquête. "Ces passeports sont sûrement faux, nous contrôlons de manière très stricte la délivrance de ces documents officiels, notamment les passeports diplomatiques." Malgré tout, l’équipe de passthrough.com affirme, sur son site, que les papiers qu’elle délivre (ils sont envoyés par DHL ou UPS, avec environ un mois de délai) sont tout à fait légaux : "Nous avons tissé un réseau de contacts importants au plus haut niveau de ces différents gouvernements." Info ou intox ?