Deux sociétés leaders en matière de biométrie lancent, coup sur coup, une campagne de lobbying. Objectif : améliorer la protection de la vie privée des citoyens qu’ils contribuent à contrôler, identifier et surveiller.
On n’a jamais vu un marchand d’armes appeler à faire voter une loi punissant les abus liés aux armes qu’il vend. On a rarement vu un pollueur faire du lobbying écolo, ou encore un patron faire pression sur les syndicats pour améliorer la condition salariale. Et pourtant, Visionics, leader autoproclamé des technologies d’identification, a décidé d’améliorer la protection de la vie privée de ceux qu’ils contribuent à ficher.
La société s’était fait connaître en participant à la "vidéosurveillance intelligente" des 72 000 spectateurs du Superbowl américain (). Leurs visages avaient été scannés, à leur insu, et comparés aux bases de données policières.
Depuis, Visionics a équipé le département de police le plus important d’Australie, le centre de Birmingham à la demande des forces de l’ordre du cru, le système électoral mexicain (afin de lutter contre la fraude électorale), le département américain de l’immigration et de la naturalisation, la police de Rhode Island et d’Oakland County, ou encore sept des principaux aéroports américains. Mais c’est l’installation d’une trentaine de caméras "intelligentes" dans la ville de Tampa, là où avait eu lieu le Superbowl, qui a réveillé les médias, ainsi que les associations de défense des libertés et droits de l’homme.
Visionics frappe un grand coup
Et c’est en réaction à ce que Visionics assimile à une campagne de dénigrement médiatique qu’elle a décidé, à l’occasion du congrès de l’Association internationale de l’identification, de frapper un grand coup. Elle a annoncé qu’elle allait entamer un travail au long cours avec les experts et partenaires des secteurs privés et publics, en vue de pousser à l’adoption d’une législation protégeant au mieux la vie privée. Elle a également avancé qu’elle avait toujours fait de son mieux pour que sa technologie de reconnaissance faciale ne soit pas utilisée à mauvais escient.
Dans le même esprit, BioPrivacy™, qui vient tout juste d’être lancé, est l’émanation de l’International Biometric Group (IBG) , leader lui aussi autoproclamé du consulting en matière de biométrie. Ce terme recoupe les différentes technologies permettant de reconnaître et identifier un être humain à partir de certaines de ses caractéristiques physiologiques. On compte ainsi la reconnaissance faciale, celle de la main, de l’iris, de la voix ou encore des empreintes digitales. IBG propose 75 solutions différentes de reconnaissance par empreinte digitale, et compte parmi ses clients la Chase Manhattan Bank et la Citibank, Lockheed Martin, Ziff-Davis, VISA, Intel, la Banque mondiale ou encore le département de police de New York. Dans un élan d’autorégulation éthique, et parce que "l’utilisation croissante de la biométrie soulève un certain nombre de questions relatives à l’impact de la technologie sur la vie privée", IBG a décidé de lancer, via BioPrivacy™, une campagne pour une utilisation raisonnée et respectueuse de la vie privée, des outils de biométrie.