4-Nat Makarevitch, directeur d’IdealX, 30 ans
Monsieur Linux France
Il explore les business models libres.
Technicien par essence, Nat Makarevitch est un passionné de la première heure. Il rencontre les logiciels libres entre 1991 et 1994, et prend tout d’abord conscience « des risques et coûts induits par certaines caractéristiques - notamment l’opacité - des logiciels propriétaires ». Il constate alors que l’open source offre des solutions adéquates.
Nat crée un site de référence nommé Linux France, vend des CD abordables, édite, traduit et distribue des ouvrages O’Reilly. Il apprécie, d’emblée, la convivialité linuxienne. « À partir de 1992, un nombre croissant d’utilisateurs de logiciels libres se rassemblaient au restaurant. L’atmosphère y était amicale et bon enfant, le niveau de compétences techniques élevé. Souvent, on faisait halluciner les autres clients avec notre jargon. » Il doit y prendre goût, puisqu’il monte un média fondamental pour la communauté : le groupe de discussion.
Fort de ces expériences , Nat devient un spécialiste des modèles économiques bâtis autour du logiciel libre. Mais il commence petit. « En créant la petite entreprise de vente de CD, voici quatre ans, je me proposais de mettre à disposition des logiciels souvent peu diffusés, mais dignes d’intérêt pour les amateurs avertis. L’espoir de gain financier était des plus secondaires et s’avéra extrêmement faible. » Aujourd’hui, Nat est à la tête d’IdealX, une jeune SSII spécialisée dans les logiciels open source et qui a créé 100 emplois en dix mois. Le plus gros modèle du genre libre.
http://www.linux-france.org
http://www.idealx.com
Le logiciel libre aujourd’hui
S’il est très optimiste - et actif - quant au développement du libre en France, Nat Makarevitch tient au respect de certaines pratiques.
« Les forums Usenet furent un important moyen de diffusion du savoir-faire, ainsi qu’un vecteur de fédération des efforts. Mais certains internautes considèrent qu’ils n’ont pas à respecter les conventions établies, et s’accordent le droit de publier n’importe quoi dans n’importe quel forum. » Message transmis...
5-Jean-Pierre Laisné, PDG de Linbox, 42 ans
En attendant la renaissance
Il crée une boîte avec un bel outil.
Jean-Pierre Laisné a fondé Linbox, fabricant de petites stations Linux abordables, faciles à brancher en réseau et livrées avec des applications spécifiques pour l’entreprise, l’éducation et l’administration. Il a vu naître les premières entreprises et institutions Linux et a su en faire profiter l’AFUL au moment de sa création. « En 1993, Pick Systems, mon ancien employeur, a décidé d’utiliser Linux pour faire tourner sa base de données. La municipalité de Garden Grove en Californie fut notre premier site client [600 utilisateurs] et c’est là que j’ai flashé. Linux, un rêve d’ingénieur devenu réalité : le vrai couteau suisse pour “techie”. La notion de liberté rapportée à l’informatique m’a immédiatement branché. Un vrai gosse à la découverte du nouveau monde. »
Sa nouvelle croisade : la promotion de Linux sur le poste de travail de l’utilisateur. « Les derniers verrous ont sauté. Vous trouvez des jeux, des suites bureautiques, des outils métiers sur le desktop Linux. » Jean-Pierre Laisné voudrait que les choses avancent plus vite et n’est pas tendre avec ses ennemis, ces « incultes qui ne veulent pas voir que nous sommes dans une période de Renaissance, version 2.0, et que Gutenberg est de retour ».
http://www.linbox.com
Le logiciel libre aujourd’hui
Pour l’avenir, Jean-Pierre Laisné souhaite ardemment une fédération du mouvement.
« Il faut établir un consortium du libre à l’image du W3C qui régit les standards du Web. Cette idée est largement reprise en Europe et je ne doute pas de la voir se réaliser dans les mois qui viennent. » Et il aimerait également que l’...tat français se mobilise davantage. « Comparativement à nos voisins allemands ou espagnols, nous avons des progrès à faire ! »
6-Alain Lefebvre, vice-président de SQL Ingéniérie, 35 ans
La voix des SSII
Le gourou technique prédit un bel avenir au libre.
Alain Lefebvre est l’un des apôtres du logiciel libre dans la presse. Il a beaucoup plaidé cette cause au moment du boom de l’Internet. Bien qu’il passe beaucoup de temps dans sa maison de Savoie, il est vice-président de SQL Ingéniérie. Cette société internationale de services mise, depuis plusieurs années, sur les logiciels libres, mais l’essentiel de son activité est consacré à des technologies propriétaires.
Mais comment une SSII installée, qui fait partie de l’establishment, parvient-elle à composer avec le modèle économique du logiciel libre ? Le vice-président ne se pose pas tant de questions. Sur ce sujet, Alain Lefebvre prône le pragmatisme. « Nous avons développé notre propre solution autour des logiciels libres mySQL, PHP, plus Java [un langage propriétaire de Sun Microsystem à vocation universelle, NDLR]. Nommée Interligo et publiée sur www.interligo.org, cette solution représente une alternative à des produits de gestion de contenu web personnalisable, comme Vignette. En 2001, nous prévoyons de réaliser entre 10 et 20 % de notre chiffre d’affaires - notre objectif : 350 millions de francs - avec cette solution. »
http://www.alain-lefebvre.com
Le logiciel libre aujourd’hui
Pour ce gourou avisé, l’évolution d’ici deux ans est très claire :
« Le logiciel libre devient lentement et sûrement l’infrastructure standard de nos applications de la même manière qu’Internet est devenu un réseau standard. »
Et aussi :
Hervé Schauer, spécialiste de la sécurité ayant joué un rôle convaincant pour l’adoption de Linux en tant que serveur.
Pierre Ficheux, pionnier de Linux dans les grandes entreprises qui a su partager son expérience avec le plus grand nombre.
Bruno Deschandelliers, dirigeant de la société ATRID, SSII historique spécialisée dans les infrastructures techniques à base de logiciels libres.
Philippe Breider, dirigeant de la société Easter Eggs, une petite SSII qui a soutenu l’APRIL et utilise essentiellement des solutions autour des logiciels GNU de la Free Software Fondation.