Les associations, des curieux, des experts et 800 entreprises consacrent le Libre
La quatrième édition des Rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL) se tiendra à Metz du 9 au 12 juillet 2003. Cette manifestation au succès croissant réunira grand public, experts et entreprises autour de conférences et d’ateliers thématiques destinés tant aux techniciens spécialistes qu’aux curieux néophytes. Aux côtés des associations du milieu logiciel libre, 800 sociétés sont inscrites.
Les RMLL sont l’occasion de découvrir, pour le grand public, les possibilités et les avantages du logiciel libre, à travers des présentations sur des sujets divers tels que l’éducation, les collectivités territoriales ou le développement durable. "Les personnes qui souhaitent se renseigner pourront rencontrer et interroger les développeurs des programmes qui seront présentés, ce qui n’existe pas dans le monde des logiciels propriétaires", explique Frédéric Couchet, un des membres du comité d’organisation des RMLL, également président de l’April, l’Association pour la promotion et la recherche en Informatique Libre.
Succès croissant
Les recontres de Metz permettront aussi aux experts du logiciel libre de s’informer sur des thèmes spécifiques. Exemple : comment mettre en place des outils de sécurité au coeur d’un système d’exploitation "libre" tel que Linux ?
Ce colloque représente une chance pour ses nombreux organisateurs de se rencontrer physiquement, pour une fois.
Frédéric Couchet explique : "Alors que nous avons l’habitude de passer chaque jour six à sept heures devant nos mails, nous pourrons discuter des projets et de leur avancement. C’est une occasion rare, pour nous, d’établir un ’état de l’art’ du logiciel libre."
800 entreprises se sont inscrites pour participer à ces rencontres. L’accès au public est libre et gratuit.
Depuis la première édition des Rencontres en 2000, le logiciel libre connaît une forte montée en puissance, surtout perceptible au sein des entreprises. Frédéric Couchet analyse ce succès : "Il y a quatre ans, le logiciel libre était essentiellement réservé aux serveurs. On assiste aujourd’hui à son déploiement sur les postes clients. Les cas d’entreprises qui remplacent leurs logiciels propriétaires par des logiciels libres ne sont pas rares, notamment dans le domaine de la bureautique. Lors des conférences organisées sur ce thème, de plus en plus d’utilisateurs finaux viennent parler de leur expérience."
Parmi les intervenants, les organisateurs et les mécènes, figurent de nombreuses associations qui militent en faveur du logiciel libre, telles que l’Aful (l’Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres) ou Parinux (Groupe d’utilisateurs de logiciels libres parisien).
Seront également présents des collectivités locales, des instituts de recherche et d’enseignement, ainsi que des acteurs comme la Macif ou des entreprises comme l’éditeur américain O’Reilly, spécialisé en informatique.
Fear, Uncertainty and Doubt
Un panel assez large qui, selon les organisateurs, n’est pas contradictoire avec l’indépendance affichée de la manifestation. "D’une part, les mécènes tels que O’Reilly sont des sociétés que nous connaissons bien et avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler, souligne Frédéric Couchet. D’autre part, les entreprises qui souhaitent devenir mécènes ne doivent pas faire de FUD. Cet acronyme anglais (Fear, Uncertainty and Doubt, en français "peur, incertitude et doute") est utilisé pour qualifier les entreprises qui cherchent à entretenir la peur des logiciels libres. Ces sociétés ont compris que le "libre" n’était pas un concurrent comme un autre et qu’il fallait employer d’autres moyens que les méthodes traditionnelles de concurrence pour l’attaquer. C’est le cas de Microsoft par exemple, dont les membres ont lancé de nombreuses fausses rumeurs contre le libre, ou de certains cabinets de consultants qui militent en faveur de la brevetabilité des logiciels."
Au-delà de ces préoccupations concurrentielles, les RMLL prévoient aussi quelques distractions, qui toucheront l’aspect social du "libre". Par exemple, un concours de roman photos sera soumis au vote du public et diffusé sur le site des Rencontres. Le concours est organisé par l’association des Copines de "geek", un groupe de filles qui vivent avec "un informaticien du libre" (surnommé "geek"). Une des copines de geek animera des conférences sur les "différents aspects de la vie avec un geek" et la façon dont sa philosophie peut s’intégrer à la vie d’aujourd’hui.
"L’initiative est une première dans le cadre de ce genre de rencontres qui, il faut bien le reconnaitre, réunissent essentiellement des garçons", remarque Frédéric Couchet.