L’"association informelle" Minirézo lance vendredi 15 septembre la deuxième mouture de son site. uZine 2 se veut toujours militant et plus ouvert aux contributions des internautes.
Le premier jour officiel d’existence d’uZine2a débuté par... un plantage. Assailli par un trop grand nombre de requêtes, le serveur a lâché tôt dans la matinée. Victime de son succès, en somme. C’est que, manifestement, l’événement était attendu par de nombreux internautes, pressés de voir la nouvelle mouture d’un webzine qui s’est taillé une solide réputation dans le monde du Net français depuis sa création, en 1996. uZine première version, c’était une bande de copains, le Minirézo, qui s’étaient rassemblés sur la Toile autour de quelques sites pionniers. Ces dinosaures rigolards, aujourd’hui disparus ou recyclés, qui portaient pour nom la Rafale ou GuillermitoZone, étaient les premiers en France à proposer une vision indépendante et militante d’Internet. "On s’est mis au Web avec l’envie de faire comme eux, parce qu’on était dingues de leurs sites", se souvient Arno, animateur d’uZine2 et fondateur du Scarabée.
Des coups de gueule
Au milieu des années 90, dans une France encore massivement indifférente au Net, la mouvance rassemble des sites hétéroclites, donnant lieu aux premiers sarcasmes des Ours, aux visites de ruines industrielles ou aux textes sur les manga. uZine est leur tribune pour parler de l’Internet et publier des textes plutôt longs, le plus souvent des coups de gueule. En 1997, le Minirézo, qui regroupe alors une quinzaine de webmestres, publie son Manifeste du Web indépendant, en réaction à l’invasion de la Toile par les sites marchands et les entreprises. Leur texte revendique une "vision respectueuse des individus et de leurs libertés", à l’opposé des considérations mercantiles et publicitaires. Le logo à la mitraillette du Minirézo se répand alors sur tous les sites qui partagent ses vues. "Nous ne sommes ni crypto-anar, ni libertariens, explique Arno. Nous ne sommes pas pour l’absence de lois, mais pour la liberté d’expression. Si quelqu’un doit réguler l’Internet, c’est la justice, pas l’administration."
La défaite de l’Internet
Le Minirézo opère ainsi une mobilisation massive en 1999, lorsqu’Altern perd son procès dans l’affaire Estelle Hallyday (lire L’affaire Altern). Le petit monde du Web est remonté à bloc et proclame la "défaite de l’Internet" en pleine fête du même nom. En novembre de la même année apparaît article11.net en réponse au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui, aiguillonné par le "discours pédo-nazi de base", dixit Arno, convoquait à Paris le premier Sommet mondial des régulateurs sur Internet. Aujourd’hui, uZine revient, alors que l’amendement Bloche est passé et qu’Altern a définitivement fermé ses portes en signe de protestation. On peut y lire des articles d’Arno*, Pierre Lazuly (Les Chroniques du Menteur), Mona Chollet (Périphéries), Olivier Zablocki (Radiophare), Jean-Pierre Cloutier (Chroniques de Cybérie), Davduf ou encore du juriste Sébastien Canevet et du journaliste Marc Laimé. Au programme : "Arrêt sur pillage" (du plagiat des grands médias considérés comme un des beaux-arts), "Cyber-économie mon amour" (c’est de l’humour), l’affaire Yahoo ! et l’UEJF, les menaces à la liberté d’expression, les dangers de l’identification préalable... uZine 2 étant passé au format dynamique, tout internaute peut soit commenter les textes, soit en proposer. Le code source du site sera même ouvert à tous. Bientôt des milliers d’uZines ?