5/01/2001 • 12h11
ARCHIVES 1.09 - Sokal, de L’Amerzone à la mer d’Aral
Après le succès de L’Amerzone, le dessinateur Benoît Sokal prépare
une nouvelle aventure multimédia. Un voyage onirique en Europe de l’Est.
Avec son sourire en coin, Benoît Sokal aurait presque un faux air de Bernard Blier. Barbe poivre et sel et gentillesse en plus. Il y a quelques années, le dessinateur de l’inspecteur Canardo s’est détourné de la BD traditionnelle pour plonger dans la création numérique. « C’est comme aux premiers temps de la BD pour adultes : il y a tout un monde à explorer », s’émerveille-t-il. Sa première expérience, le jeu L’Amerzone, sorti en 1999, a été traduit en six langues avant de dépasser le cap des 320 000 exemplaires vendus dans le monde. Mais les derniers mois de production avec l’éditeur Casterman ont été tendus : « L’économie de la bande dessinée n’est pas adaptée à la production de jeux vidéo, explique Sokal. Autour de moi, on comptait vendre 5 000 boîtes au maximum. » D’où une certaine réticence à investir de grosses sommes...
Le succès de L’Amerzone console le dessinateur. Qui travaille à un nouveau projet. Si le principe de jeu et les premières images sont prêts, Sybéria ne devrait sortir qu’à la fin de l’année 2001. « L’idée, c’est de revisiter toute l’Europe dans un train qui s’arrête partout. Le train va vers l’Est, et chaque gare constitue un monde propre, raconte le dessinateur. C’est l’occasion de reconstruire une Europe parallèle. » L’homme, qui avoue sa passion pour les reportages d’Arte, est fasciné par les pays de l’Est. « La mer d’Aral, qui s’est retirée à 15 kilomètres des villages côtiers, c’est formidable !, s’enthousiasme-t-il. Et à Baïkonour, toutes ces fusées rouillées : un décor de rêve ! » Pour préparer cette escapade onirique vers l’Est, Sokal a installé son campement dans le grand Nord : chaque mois, il passe une semaine à la Cité du multimédia de Montréal pour travailler avec les développeurs de Microïds. Loin des steppes d’Asie centrale. Mais au cœur de l’animation 3D.
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