La start-up américaine CyberRebate a déposé le bilan. Ses clients risquent d’y perdre gros.
La start-up CyberRebate, en cessation de paiement, s’est mise sous la protection de la justice commerciale américaine. Parmi ses plus gros créanciers figurent des internautes ayant acheté des produits sur le site.
Un concept séduisant
Le concept de CyberRebate.com était pour le moins surprenant : vendre des produits à des prix six à sept fois supérieurs au prix de détail conseillé, puis proposer aux clients des remises après l’achat. In fine, une fois les remboursements effectués, le prix des produits (livres, disques, jouets, électronique grand public, etc.) devait s’approcher de zéro.
Cette offre séduisante — qui peut résister à l’appel du gratuit ? — a conquis de nombreux internautes. En février, près de 7,7 millions de visiteurs uniques se sont connectés à CyberRebate.com, qui intégrait ainsi le classement des dix sites Internet de commerce de détail les plus fréquentés. Pendant une courte période, CyberRebate.com se classait même en troisième position, juste derrière le site d’enchère eBay et le célèbre Amazon.com !
Un business model intenable
Une question restait en suspens : comment CyberRebate comptait-il être rentable ? Pour Joel Granik, le fondateur de la start-up, les acheteurs commenceraient par profiter des offres de produits gratuits après remises, puis se tourneraient vers d’autres produits, bien payants ceux-là. En outre, CyberRebate espérait se rémunérer grâce aux intérêts financiers sur les sommes placées entre le paiement des achats et le remboursement des remises.
Ô surprise, ce business plan ne tenait pas la route et CyberRebate a dû mettre la clé sous la porte, licenciant l’essentiel de ses équipes et cessant ses activités. Mercredi 16 mai 2001 dans la matinée, un message annonçant le dépôt de bilan a remplacé la page d’accueil habituelle de CyberRebate.com. Le message se termine par un sobre « Les acheteurs seront contactés à propos de leurs droits et des solutions possibles ».
Des consommateurs floués
Il faut dire que, fait rare lors des faillites de start-up, les consommateurs font partie des principaux créanciers de l’entreprise, dont le passif déclaré est de 83,4 millions de dollars (623 millions de francs). Ainsi, parmi les vingt principaux créanciers, neuf sont des particuliers à qui CyberRebate doit en moyenne près de 90 000 dollars (672 000 francs) !
Au début de l’année 2000, CyberRebate avait fait l’objet de plaintes d’acheteurs n’ayant pas reçu leurs remboursements. Tout semblait être rentré dans l’ordre depuis la signature, en août 2000, d’un accord avec le procureur saisi du dossier. En mars 2001, le bureau du procureur avait d’ailleurs estimé que CyberRebate se conformait aux termes de l’accord. Suite à la faillite de la start-up, le bureau du procureur a donc juré, mais un peu tard, qu’il s’efforcerait à l’avenir de mieux protéger les consommateurs.
Dans Transfert magazine, retrouvez notre dossier sur « Les arnaques de la nouvelle économie ».