Le ministre de l’Economie a annoncé hier des mesures pour favoriser le financement des biotechnologies. France Biotech, le lobby du secteur, se dit satisfait.
Mercredi 28 novembre 2001, à l’Assemblée nationale, Laurent Fabius a détaillé les mesures en faveur du financement des jeunes entreprises innovantes. Annoncées le 16 octobre lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2002, confirmées le 22 novembre à l’occasion de la visite du ministre au Génopole d’Evry (Essonne), elles se faisaient attendre pour le détail. Dans son discours aux députés, le ministre évoquait un " plan d’ensemble pour développer les biotechnologies, doté de 150 millions d’euros " (soit environ un milliard de francs). Il précisait même triomphalement, qu’elles permettraient de débloquer au final " 15 milliards de francs (...) au bénéfice de ce secteur ". La simple lecture du communiqué de presse accompagnant l’annonce est édifiante : Laurent Fabius a survendu son action en faveur des biotechs.
Fabius fait de la gonflette
En effet, plus de la moitié de la somme affectée (80 millions d’euros sur 150) à ce " plan de consolidation de la croissance " est consacrée aux petites et moyennes entreprises (PME) traditionnelles. Ne restent donc plus " que " 70 millions d’euros pour les biotechnologies. Quarante serviront à établir un nouveau fonds de garantie au profit des entreprises de biotechnologie. Géré par la Sofaris, une filiale spécialisée de la banque de développement des PME (BDPME), il facilitera l’accès au financement bancaire, sous forme de prêts, et par des sociétés de capital-risque (en fonds propres). Le fonds permettra en effet de garantir environ 400 millions d’euros de financement, à hauteur de 50 à 70 % des apports. Enfin, avec les trente derniers millions du plan concocté par Laurent Fabius, l’Etat va créer un fonds de co-investissement au profit des jeunes entreprises innovantes, doté de 60 millions d’euros. Dans celui-ci, 30 millions seront apportés par l’Etat et 30 millions par la Caisse des dépôts et consignations, qui concentrera son action sur des deuxièmes et troisièmes tours de table. La part des fonds propres apportés par le bras armé de l’Etat ne devra pas excéder 50 %, ce qui garantit un effet de levier (la proportion d’argent privé investi pour chaque franc public) de 2 au minimum. Jusqu’à présent, les fonds de capital-risque constitués à l’initiative de l’Etat s’étaient limités au stade du financement d’amorçage, à l’instar de Bioam pour les biotechnologies. La conjoncture de contraction du capital-risque, qui empêche quelques entreprises prometteuses de poursuivre leurs recherches, faute de moyens, a sans doute poussé l’Etat à s’immiscer à un stade ultérieur du financement. En outre, d’aucuns suggèrent que Bioam, dont l’efficacité est contestée, a tout fait pour éviter de voir un deuxième fonds d’amorçage venir la concurrencer...
Les professionnels satisfaits
Au final, les 70 millions d’euros (460 millions de francs) apportés par l’Etat devraient permettre de dégager près de 3,5 milliards de francs de financement public. On est loin des 15 milliards clamés par Laurent Fabius. Pourtant, ces mesures satisfont France Biotech, le regroupement des acteurs du secteur des biotechnologies qui a fait de nombreuses propositions au gouvernement. " Nous sommes très contents. C’est un premier pas important, conforme à notre objectif de faire de la France le leader européen des biotechnologies d’ici à 2006 ", réagit un porte-parole de l’association. Certes, l’investissement public français en faveur des biotechnologies accuse toujours un retard par rapport à l’effort consenti par nos voisins européens. " En termes de volume des aides, les autres pays sont en avance. Mais les outils choisis par le gouvernement français ont un effet de levier supérieur, qui favorise la participation du secteur privé ", commente-t-on chez France Biotech.