L’utilisation de la crypto est réputée préserver la confidentialité des messages. Sauf à installer un logiciel espion à même le clavier de l’ordinateur qui sert à déchiffrer les fichiers. Le FBI devra s’expliquer sur son utilisation d’un tel key logger.
Le juge Nicholas H. Politan a finalement décidé de convoquer le FBI pour qu’il s’explique sur la technique utilisée pour incriminer Nicodemo S.Scarfo, le mafieux qui s’était servi de PGP. Les agents fédéraux, qui ne parvenaient pas à déchiffrer les fichiers chiffrés au moyen du célèbre programme de cryptage, avaient en effet installé dans son ordinateur un key logger, petit programme enregistrant toutes les touches frappées sur un clavier (certains prennent également des copies d’écran), ce qui leur avait permis de récupérer le mot de passe utilisé par Scarfo, et donc de déchiffrer ses fichiers. L’utilisation de la crypto, et de PGP en particulier, est réputée assurer un niveau de confidentialité telle qu’aucun "casseur de codes" ne peut a priori arriver à passer outre le chiffrement des messages. C’est pourquoi l’utilisation de key loggers passent pour l’arme la plus simple en vue de contrecarrer l’utilisation d’outils de crypto.
Simple mandat de perquisition
Sauf que pour l’avocat de Scarfo, appuyé par les défenseurs de la vie privée, dont l’Electronic Privacy Information Center (EPIC), l’installation du key logger était illégale car relevant d’une mise sur écoute de ses communications. Ce qui nécessite un mandat spécial du juge. Or les policiers fédéraux n’en disposaient pas et s’étaient contentés d’un simple mandat de perquisition. Les défenseurs de la vie privée réclamaient donc des explications détaillées sur le modus operandi du FBI. Mais jusqu’ici, celui-ci déclarait qu’il en allait de la sécurité nationale, et qu’il ne pouvait donc en aucun cas révéler la nature du programme utilisé, au risque de mettre en danger la vie de certains agents (sic). Les opposants eux, continuant de contester la "classification" du key logger au motif qu’il est inquiétant de voir les forces de l’ordre utiliser à l’encontre de simples malfrats des techniques ordinairement réservées aux affaires mettant en cause la sécurité nationale. Le juge leur a partiellement donné raison : il vérifiera bien la légalité, et la classification du procédé, mais l’avocat ne pourra pas assister à l’audition...