Laurine Garaude est la directrice du Milia, le salon des contenus interactifs, dont la neuvième édition se déroule cette semaine à Cannes. À la veille de la clôture, elle fait un premier bilan.
Quel premier bilan faites vous du Milia 2002 ?
J’attendrai pour dresser un bilan d’avoir plus de retours de la part de mes clients, visiteurs et exposants. Mais la température intermédiaire me semble bonne. Ce que j’observe, c’est la grande énergie dont font montre tous les participants, qui sont plus que jamais venus faire du business. La conjoncture du secteur étant délicate, ils savent qu’ils n’ont pas droit à l’erreur et sont donc doublement motivés.
De notre côté, nous avons tout mis en œuvre pour faciliter les rencontres fructueuses. Pour la première fois, nous avons mis en place le Digital Buyers’ Club, un espace VIP dédié aux décideurs en matière d’achat de contenu où des postes de travail permettaient aux offreurs de faire des démonstration dans un cadre plus calme, et donc plus propice, que les stands. Les années précédentes, certains se plaignaient de ne pas rencontrer suffisamment d’interlocuteurs. Un comble, quand on sait qu’ils sont présents sur le salon, et un vrai souci pour le Milia. C’est pourquoi nous avons décidé de remplir plus activement notre rôle d’entremetteur.
Quels impacts la crise du secteur a-t-elle eu sur le Milia ? Le visiteur a l’impression d’une certain désaffection...
On constate, bien sûr, une baisse de la fréquentation. Cette année, le palais des festivals accueille près de 650 exposants, contre environ 750 l’an dernier, et le nombre de visiteurs devrait se situer aux alentours de 5 500, en recul de près de 20% par rapport à 2001. Mais c’est tout à fait logique, cela reflète les conditions de marché. En outre, je tiens à souligner deux choses : d’une part, 2001 était pour nous une année record ; d’autre part, le Milia tire très bien son épingle du jeu par rapport à d’autres manifestations professionnelles dans le secteur, aux Etats-Unis notamment, qui ont vu leur fréquentation chuter de plus de 50% ou ont tout simplement disparu. Et, depuis le 11 septembre, tous les salons professionnels quel que soit le secteur ont souffert.
Malgré ces résultats en demi-teinte, que faut-il retenir de cette neuvième édition ?
C’est un Milia du rebond du marché de l’interactivité, qui reprend peu à peu confiance. Je crois donc qu’il faut se montrer prudemment optimiste, sans être délirant. Il y a des perspectives de développement très intéressantes en matière de contenus mobiles, et surtout de télévision interactive, un segment qui a énormément évolué depuis l’année dernière, particulièrement en Angleterre. De plus, l’arrivée en force des nouvelles consoles de jeu en Europe va également dynamiser le marché de la production de contenu.
Le faible déploiement du haut débit ne risque-t-il pas de freiner le redémarrage du secteur ?
Il est vrai que le haut débit est vraiment la clé pour relancer le marché des contenus multimédias et interactifs. Or, en dehors de la Scandinavie, la majorité des pays européens a pris du retard en matière de développement des réseaux haut débit, par rapport aux projections initiales qui annonçaient leur généralisation pour cette année. Aujourd’hui, les prévisions tablent plutôt sur une extension du haut débit entre 2004 et 2006. Ça va mettre un certain temps, mais les préparatifs se font dès maintenant.