Lundi 4 février 2002, au palais des festivals de Cannes ( Alpes Maritimes), la neuvième édition du Milia a ouvert ses portes. Les deux premières journées de ce grand marché international des contenus interactifs sont consacrées à un " think tank ", série de conférences et de tables rondes aux ambitions prospectives. Avec, en guise de hors-d’oeuvre, l’intervention de Takeshi Natsuno, en charge de la stratégie de l’i-Mode chez NTT DoCoMo, l’opérateur de téléphonie mobile japonais à l’origine de ce format pour fournir du contenu sur des téléphones portables.
Takeshi Natsuno a donc expliqué quelles étaient, selon lui, les clés du succès de l’i-Mode : des contenus pertinents, en adéquation avec les attentes d’un public large (et non uniquement de fans de nouvelles technologies), faciles à développer car basés sur les langages, formats et protocoles déjà utilisés sur Internet (Html, Midi, Java, Mpeg4, etc.). Et, de surcroît, distribuables de manière rentable grâce au système de micro paiement mis en place par NTT DoCoMo.
Cette approche, centrée sur les contenus qui ont évolué au rythme des usages des consommateurs et des améliorations techniques des serveurs et des téléphones (écrans couleurs LCD, plus grands, etc.), a en effet séduit un grand nombre de japonais : plus de 30 millions d’entre eux disposent aujourd’hui d’un téléphone portable i-Mode, soit près du quart de la population du pays. L’année dernière, ils ont dépensé 450 millions d’euros en contenus i-Mode :c’est-à-dire en jeux, images, sonneries, bandes-annonces de film, etc. La tendance est d’ailleurs à la hausse, puisque les revenus de l’i-Mode ont atteint 60 millions d’euros en janvier 2002.
Oublier le flop du WAP ?
Verra-t-on un jour l’i-Mode débarquer en Europe et faire oublier le flop du Wap ? Initialement prévue courant 2001, l’arrivée de l’i-Mode en Europe a finalement été repoussée au premier semestre 2002, sans plus de précisions. Et Takeshi Natsuno a refusé de s’exprimer sur le sujet. À peine a-t-il souligné, lors de son intervention, le manque de coordination entre les différents acteurs -fournisseurs de contenus, opérateurs de téléphonie mobile, distributeurs- du marché des contenus mobiles. En clair, une trop forte compétition entre opérateurs mais également les désaccords sur le partage des revenus entre les opérateurs et les fournisseurs de contenu ne garantit pas la rentabilité de l’activité.
NTT DoCoMo travaille donc à mettre en place un modèle similaire à celui en vigueur au Japon. Là-bas, l’entreprise se rémunère sur les communications et prend une commission de 9 % sur les transactions réalisées avec son système de micro -paiement. Les éditeurs de contenu, eux, perçoivent les 91% restant. Mais si NTT DoCoMo a pu imposer ce , c’est parce que l’opérateur domine le marché dans son pays d’origine. En Europe, pour pouvoir reproduire cette stratégie, le Japonais cherche à nouer des partenariats avec des opérateurs suffisamment puissants et des fournisseurs de contenus grand public prêts à miser sur sa technologie. Il n’est donc pas acquis que l’i-Mode version européenne puisse tenir son calendrier et débarquer sur le vieux continent dans les cinq prochains mois.