Les majors du disque tentent de paraître plus conciliantes dans la lutte contre le piratage
Cher internaute, je me permets de te prévenir que tu vas en prendre plein la gueule...
mis à jour le 31 octobre
La Recording Industry Association of America (RIAA) a lancé la semaine dernière la deuxième vague de poursuites à l’encontre des personnes qui échangent des fichiers musicaux copiés illégalement sur les réseaux peer-to-peer. Après avoir attaqué en justice, sans aucune mise en garde préalable, 261 particuliers, le lobby américain de l’industrie du disque a envoyé le 20 octobre dernier une lettre d’avertissement à 204 nouvelles personnes, leur proposant de choisir entre un règlement à l’amiable ou des poursuites judiciaires. Cette méthode plus douce est une façon de répondre à la mauvaise publicité née de la première salve d’attaques. Et de tenter de calmer l’inquiétude de certains membres du Congrès américain, qui surveillent de près cette campagne agressive et ses éventuelles dérives.
Alors que les 261 premières personnes poursuivies par la RIAA avaient reçu une assignation sans autre formalité, les 204 particuliers visés par cette nouvelle vague ont reçu une lettre de deux pages, dans laquelle la RIAA les informe qu’ils pourraient être l’objet de poursuites.
La lettre explique longuement le tort que cause le "piratage" à l’industrie du disque, avant d’en venir aux faits : "Même si nous voulons vous faire prendre conscience des effets néfastes du piratage, l’objet de cette lettre est de vous permettre de résoudre ce problème en évitant d’être poursuivi."
La RIAA donne dix jours aux particuliers pour se faire connaître et proposer un règlement, faute de quoi ils seront poursuivis.
Prévenir mais pas guérir
La RIAA a donc décidé de prévenir avant d’attaquer. Pour Wendy Seltzer, avocate pour l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une association américaine de défense des libertés sur l’internet, ce changement de stratégie est dû à la pression instaurée par certains membres du Congrès américain : "Le sénateur Coleman a notamment critiqué la méthode de la RIAA qui consistait à attaquer d’abord et discuter ensuite."
Norm Coleman, sénateur républicain du Minnesota, mène la fronde politique contre l’industrie du disque. Dans un chat organisé par le quotidien Washington Post, il explique ainsi ne pas croire "que la législation puisse résoudre seul le problème du piratage", avant de critiquer des amendes "excessives" (pouvant aller jusqu’à 750 dollars par morceau téléchargé), et les technologies intrusives employées par la RIAA pour repérer les "pirates" sur les réseaux d’échange.
La première vague de poursuites lancées par la RIAA avait suscité de très vives réactions sur l’internet, qui s’est notamment indigné du cas poignant d’une américaine de 12 ans, dont la mère a dû payer 2000 dollars d’amende pour 1000 morceaux téléchargés.
Pour le sénateur Coleman, le remplacement des poursuites par des lettres d’avertissement constitue un "premier point positif", mais ne "change pas le fond du problème" : "Vous ne changerez pas le comportement de 60 millions de consommateurs par le seul biais d’actions en justice."
C’est l’avis de Nicholas Reville, fondateur du site P2P Downhill Battle, qui a lancé la campagne StopRIAAlawsuits contre les poursuites de la RIAA. Pour cet adversaire des majors du disque, "il n’y a aucun compromis dans cette nouvelle vague de poursuites".
Le P2Piste est un électeur comme les autres...
Pire, contrairement aux poursuites, les lettres ne sont pas rendues publiques : "La presse ne peut donc pas savoir qui est poursuivi, le battage médiatique est moins grand, déplore Nicholas Reville. La RIAA reste aussi sévère, tout en évitant une mauvaise publicité."
Wendy Seltzer estime également que dans cette nouvelle vague, "la RIAA ne laisse pas le choix aux personnes poursuivies : payez ou c’est le tribunal".
L’ultimatum lancé aux internautes amateurs de musique en ligne arrivera à échéance le 30 octobre, 10 jours après l’envoi des lettres. On saura alors si certains ont accepté de payer la RIAA et si le lobby du disque poursuit réellement ceux qui s’y refusent.
Le 30 octobre, la RIAA a finalement annoncé que les 204 lettres avaient finalement donné lieu à 80 poursuites judiciaires, les 124 autres personnes ayant acccepté un règlement à l’amiable.
Pour contrer l’offensive de la RIAA, Wendy Seltzer comme Nicholas Reville croient plus à la pression populaire, par appel au boycott ou critiques en ligne, qu’au pouvoir politique : "L’industrie fait certes du lobbying intense, mais les politiques savent que les utilisateurs du peer-to-peer sont aussi des électeurs. Ils ne savent plus quoi faire."
Cette confusion pourrait rapidement gagner la France, où le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) a annoncé hier pour la première fois clairement que les maisons de disque envisageaient des poursuites contre des particuliers
Le site de la RIAA:
http://www.riaa.org
Le site de l’EFF:
http://www.eff.org/
StopRIAAlawsuits:
http://www.stopriaalawsuits.com/
Le Chat du sénateur Coleman sur le site du Washington Post:
http://www.washingtonpost.com/ac2/w...
"Il y a plus de citoyens américains qui s’échangent des fichiers que d’électeurs qui ont voté pour Bush" (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9057
Déjà 112 sites web soutiennent le boycott des disques des majors (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9453
Moby: "Je suis presque tenté de télécharger mes propres morceaux sur Kazaa, juste pour voir si la RIAA va me poursuivre" (Transfert.net)
http://www.transfert.net/a9360
Interview de Nicholas Reville: "L’industrie musicale telle que nous la connaissons se meurt. Profitons de l’occasion pour la changer" (Transfert.net)
http://www.transfert.net/a9363
Interview de Cyril Rojinsky: "Il ne leur reste plus qu’à taper sur les internautes" (Transfert.net)
http://www.transfert.net/a9276