Le fournisseur de solutions serveurs américain SCO demande $ 1 milliard à IBM, qui utiliserait des bouts de sa plate-forme propriétaire Unix dans des solutions Linux. Les analystes et le milieu du logiciel libre voit d’un mauvais oeil ce règlement de comptes.
"Appropriation de secrets industriels, interférence commerciale, concurrence déloyale et rupture de contrat" sont les chefs d’accusation choisis par SCO dans la plainte qu’il a adressé jeudi 6 mars 2003 à IBM, devant un tribunal de l’Utah.
Le groupe SCO, anciennement appelé Caldera, est un acteur issu du logiciel libre qui, en 1995, a racheté à AT&T les droits de propriété industrielle de l’environnement Unix, qu’il commercialise dans ses solutions pour les serveurs. SCO reproche à IBM d’utiliser des parties d’Unix dans sa plateforme concurrente sous Linux et de les avoir mises à disposition de la communauté du logiciel libre.
Pour soutenir sa plainte, SCO a engagé la star David Boies, l’avocat rendu célèbre pour avoir mené le procès anti-trust contre Microsoft et défendu la plate-forme d’échange de fichiers Napster.
Dans la presse, les analystes ont tous réagi négativement à l’annonce de SCO, accusée de compenser sa faiblesse économique par une manoeuvre juridique. La plainte pour concurrence déloyale serait d’autant plus difficile à prouver que SCO offre aussi des solutions Linux et qu’IBM est un des plus gros acteurs du marché Unix, pour lequel il a acheté une licence à SCO en 1995. Linux est en position de force sur le marché des serveurs et IBM en est désormais le leader.
Le milieu du logiciel libre s’est lui aussi élevé violemment contre SCO, qui insinuerait par sa plainte que les avancées de la plate-forme Linux ne sont pas dues à la qualité des développeurs open source mais au détournement de code Unix. Ceux-ci critiquent le recours à un procès relatif à la propriété intellectuelle et soulignent que la plate-forme Unix a en partie été développée grâce au travail de codeurs open source dans les années 70 et 80.
Vendredi 7 mars, IBM a réagi en annonçant que la plainte de SCO ne contenait que de simples suppositions mais pas de preuves tangibles. Le géant de l’informatique a aussi démenti les déclarations de SCO selon lesquelles ses dirigeants auraient contacté IBM en décembre 2002 pour régler l’affaire à l’amiable.
Vendredi, l’action de SCO, bien mal en point, a grimpé de 40 %. Plus qu’un signe d’encouragement dans la plainte contre IBM, le marché semblait plutôt signifier que SCO devient une bonne cible de rachat... éventuellement par IBM.
SCO Sues IBM Over Unix Trade Secrets (InternetNews):
http://www.internetnews.com/bus-new...
IBM Makes Initial Response to SCO Group Complaint (Linux Today):
http://linuxtoday.com/news_story.ph...
Developers Back IBM in Unix Suit (Wired):
http://www.wired.com/news/infostruc...