Le premier fabricant mondial de téléphones portables révise à la baisse ses prévisions de croissance. Le cours de l’action plonge en Bourse.
Nokia, le constructeur finlandais de téléphones portables, a émis mardi 12 juin un profit warning concernant ses résultats prévisionnels du deuxième trimestre 2001. Au lieu de croître de 20 % par rapport au deuxième trimestre de l’année 2000 (le chiffre d’affaires avait alors bondi de 55 %, atteignant 6,98 milliards d’euros, soit 45,8 milliards de francs), les ventes ne devraient progresser "que" de 10 %. Pour Jorma Ollila, PDG de Nokia, ces résultats décevants sont dûs à "l’extension à d’autres régions du ralentissement économique américain, touchant l’ensemble de l’industrie des télécommunications". Le résultat net de Nokia devrait lui aussi souffrir de cette conjoncture. Le bénéfice par action devrait en effet se situer entre 0,15 et 0,17 euro (0,98 à 1,12 franc), contre 0,20 euro attendu (1,31 franc) et 0,21 euro (1,38 franc) au deuxième trimestre l’an passé. Sitôt cet avertissement rendu public, l’action Nokia s’est effondrée sur les Bourses de New York et d’Helsinki, perdant près du quart de sa valeur.
Défiance sur les télécoms
Le verdict des marchés peut paraître sévère : les ventes de Nokia continuent de progresser et le constructeur conserve sa place de numéro un mondial avec environ 35 % de part de marché. Mais cette correction illustre bien la défiance générale des investisseurs à l’égard des entreprises de télécommunication. Une accumulation de signaux négatifs nourrissent en effet les inquiétudes depuis quelques temps. Les coûts faramineux des licences UMTS en Europe (plus de 700 milliards de francs au total) ont endetté les opérateurs, qui n’ont parallèlement pas su respecter les échéances de lancement des réseaux GPRS. Du coup, les détenteurs de téléphones portables attendent les nouvelles générations de mobiles avant de renouveler leur équipement. En outre, les opérateurs ont cessé de subventionner massivement l’achat des téléphones, si bien que le prix des combinés a nettement augmenté. Bref, une série de facteurs qui expliquent que le nombre de téléphones portables vendus à travers le monde ne devrait que très légèrement progresser par rapport au 405 millions de l’an 2000. Nokia, lui, tablait sur un marché mondial de 450 à 500 millions d’unités.