L’opérateur de téléphonie australien OneTel frôle la faillite. Ses fondateurs ont dû démissionner et ses actionnaires de référence en reprennent le contrôle.
OneTel, opérateur de télécommunication d’origine australienne, a annoncé le 17 mai 2001 le départ de ses deux fondateurs, Jodee Rich et Brad Keeling. Cette décision fait suite à un communiqué publié par ces derniers, le 16 mai 2001, pour révéler que la société ne parviendrait pas à dégager 295 millions de francs de liquidités d’ici à la fin du mois de juin 2001. Un objectif qu’ils avaient pourtant cru bon de confirmer au début du mois d’avril...
Une affaire de famille
Les deux actionnaires de référence de OneTel, les groupes australiens de médias News Ltd. (le conglomérat de Rupert Murdoch) et Publishing and Broadcasting Ltd. (PBL, dirigé par Kerry Packer), ont donc choisi de reprendre la main en nommant Peter Yates et Peter Macourt, qui viennent respectivement de PBL et de News Ltd, au conseil d’administration de l’opérateur. Ce mouvement de personnel constitue un désaveu pour les fils des deux magnats australiens des médias, puisque ce sont en effet Lachlan Murdoch et James Packer qui pilotaient la participation des groupes de leurs pères dans OneTel.
Perfusion financière
Plusieurs levées de fonds — par émission d’actions sur la Bourse de Sydney — avaient permis de récolter près de cinq milliards de francs depuis le début 2000. Pourtant, les caisses de l’opérateur sont à nouveau presque vides. Pour tenter de se sortir de ce mauvais pas, OneTel va procéder à une nouvelle émission d’actions, dans des conditions préférentielles, auprès de ses actionnaires individuels. Pour chaque action détenue, il sera possible de souscrire à une nouvelle action dont le prix d’émission est fixé à cinq cents (38 centimes), alors que le cours de OneTel à la Bourse de Sydney est actuellement proche de 27 cents (environ deux francs). Parallèlement, News Ltd. et PBL ont prévu d’injecter 520 millions de francs, selon une information rapportée par le journal Le Monde. Toujours selon le quotidien français, les analystes financiers continueraient à douter de la capacité de OneTel à survivre à ses difficultés, malgré ces apports d’argent frais. L’hypothèse d’un démantèlement progressif par revente d’actifs au cours des deux prochaines années circulerait, mais la direction de OneTel n’a pour l’instant donné aucune indication dans ce sens.
Litiges non résolus en France
Outre l’Australie, le groupe OneTel est implanté au Royaume-Uni, à Hong-Kong, aux Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne et en France. Depuis son arrivée en France en 1998, l’opérateur annonce avoir conquis 178 000 abonnés, un résultat assez modeste comparé à Cegetel ou Télé2 qui annoncent chacun plus d’un million d’abonnés. Mais OneTel s’est néanmoins fait remarquer en lançant, en mai 2000, un forfait illimité d’accès à Internet, baptisé " Le paradis des surfeurs " (149 francs par mois), avant de le supprimer unilatéralement deux mois plus tard. Depuis, la société doit faire face à plusieurs actions en justice pour rupture abusive de contrat de la part d’abonnés à son forfait illimité. Une condamnation à leur verser des dommages et intérêts n’arrangerait rien aux affaires de OneTel.