Une source proche du ministère tunisien de la Justice et des Droits de l’homme affirme que la mort du jeune Maher Osmani ne serait qu’une "histoire fabriquée de toutes pièces dans le but de tromper les autorités de l’immigration en France mais que certains ont choisi d’instrumentaliser à des fins de propagande". Selon l’AISPP (Association internationale de soutien aux prisonniers politiques), Maher Osmani avait été arrêté par la police politique tunisisenne le 18 avril 2003 "pour ses activités sur Internet".
Le 27 avril 2003, l’AISPP annonçait dans un communiqué la mort de Maher Osmani, un jeune Tunisien de 23 ans, arrêté pour avoir surfé sur des sites interdits par le gouvernement de Tunis. L’AISPP soupçonnait la police politique tunisienne d’être à l’origine du décés.
Dans le même communiqué, l’association faisait état de la situation de Béchir Ferchichi, un ami de Maher. Réfugié sur le territoire français par peur de la repression tunisienne, ce jeune homme attendrait l’acceptation de sa demande d’asile politique de la part des autorités françaises.
Le 5 mai, un autre communiqué de l’AISPP indiquait que Taher Ferchichi, le frère de Béchir, avait été arrêté à son tour.
Suite à ces informations, Amnesty International et l’Organisation mondiale contre la torture appelaient à protester contre la détention de Taher Ferchichi en envoyant fax et emails au président Ben Ali ainsi qu’aux ministères tunisiens de l’Intérieur et de la Justice et des Droits de l’homme.
Stratagème, selon les autorités tunisiennes
Contacté le 9 mai 2003 par Transfert pour connaitre la version des autorités tunisiennes sur la mort de Maher Osmani et l’arrestation de Tarek Ferchichi, l’attaché de presse du ministère tunisien de la Justice et des Droits de l’homme nous a renvoyé sur l’Agence tunisienne des communications extérieures. Dans son communiqué, qu’elle présente comme émanant d’une "source officielle à Tunis", cette structure indique que "certains professionnels de l’intox ont propagé ces derniers jours des allégations faisant croire au décès en détention d’un jeune Tunisien du nom de Maher Osmani (...). Certains groupuscules ont relayé ces allégations citant un certain Béchir Ferchichi, demandeur d’asile en France, sans prendre la peine de vérifier l’exactitude de ses déclarations. Or, aucune personne répondant au nom de Maher Osmani n’a jamais existé en Tunisie".
Selon cette même source, toute l’affaire ne serait qu’un "stratagème" inventé par Béchir Ferchichi, dans le but d’obtenir le statut de réfugié politique en France et Tarek Ferchichi aurait reconnu avoir agi dans le but d’aider son frère.
De son côté, Samir ben Amor, avocat tunisien membre de l’ASPPI, indique que Tarek Ferchichi a été traduit devant le juge du tribunal de première instance de Tunis le lundi 5 mai 2003. Le jeune homme aurait fait l’objet d’un mandat de dépot et serait actuellement détenu à la prison civile de Tunis. Les motifs de son arrestation, encore inconnus à ce jour, ne seront rendus publics, et donc accessibles à la défense, que dans les prochains jours.
Le communiqué de l’AISPP:
http://www.tunisnews.net/8mai03.htm
Le communiqué de l’organisation mondiale contre la torture:
[http://www.omct.org/displaydocument.asp?DocType=Appeal&Index=3142&Language=FR]
Le communiqué d’Amnesty International:
[http://www.reveiltunisien.org/fr/breve.php3?id_breve=410]
En tunisie, se connecter à Internet peut couter la vie:
http://www.transfert.net/a8730
Répression des internautes en Tunisie: encore un jeune arrêté
http://www.transfert.net/a8753