Nouveau venu parmi les libertaires du Web, Statisticator entend ramener à de plus justes proportions le nombre de visiteurs annoncé par des sociétés aux chiffres aussi gonflés que l’ego.
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Ils s’appellent Zipiz et Kitetoa. Ces deux "
hackers de sandwich au jambon", comme ils s’autodéfinissent, recensent sur leurs sites web respectifs toutes sortes de travers liés au monde des nouvelles technologies. Failles de sécurité béantes par ici, discours néo-économique fumeux par là, les deux lascars ne manquent pas une occasion de fustiger les prétentieux de l’Internet. Il y a quelques semaines, Zipiz mettait à jour une arnaque aux statistiques artificiellement gonflées. C’est donc avec appréhension que les directeurs marketing de tout poil apprendront leur union : Zipiz et Kitetoa viennent d’unir leurs efforts pour développer un troisième site, baptisé statisticator.com.
Morale extensible
Symbolisé par un super-héros d’opérette, Statisticator met en garde l’internaute - et les investisseurs potentiels - contre la très relative fiabilité des chiffres de fréquentation avancés par certains sites. "Il est impressionnant de comparer les statistiques avancées par les directeurs marketing avec les véritables taux de fréquentation traités par les administrateurs de sites", explique Kitetoa. Le nombre de visiteurs étant la jauge fixant le prix des bandeaux de pub et incitant les investisseurs à mettre - ou remettre - la main à la poche, ce qui pourrait être une aimable facétie de potache risque d’en inquiéter plus d’un. "Le monde de ces statistiques est un véritable maquis, explique Kitetoa. Les décomptes des visites se font différemment selon les logiciels utilisés par les administrateurs, et la façon dont ils sont configurés." Difficile donc d’établir une norme fiable, et de comparer le trafic généré par deux sites concurrents. En outre, certaines sociétés à la morale extensible n’hésitent pas à employer des logiciels capables de gonfler artificiellement leur audience. Et mélangent hardiment le nombre de sessions - qui définissent le temps de connexion d’un internaute sur l’ensemble d’un site - et les pages vues - le nombre de pages visitées par ce même internaute au cours de la même session.
De 12 000 visiteurs à 6 283...
Sur statiscator.com, on trouvera donc la boîte à outil du tricheur, et quelques méthodes pour se débarrasser des bandeaux de pub encombrants. On apprendra encore comment avoir accès aux véritables statistiques des administrateurs, et surtout, la vérité sur la fréquentation réelle de certains sites. Ainsi, celui du Club-Med passait pour accueillir 12 000 visiteurs par jour en 1997. Trois ans plus tard, selon Statisticator, le Club des frères Trigano affiche péniblement 6 283 sessions quotidiennes pour le mois d’octobre 2000. "Evidemment, on ne va pas plaire aux directions des services marketing", rigole Kitetoa. Avis à ceux qui voudraient s’offrir les services des deux espiègles du Web pour les museler ou s’approprier leurs services : la page qui détaille le business plan de Statisticator est une farce. Une de plus.