Semblable à un détecteur à métaux portatif, le scanner Trimprobe, inventé par un chercheur italien de l’Université de Bologne, serait capable de détecter si une personne est atteinte d’un cancer. Cette altervative à l’IRM vise à permettre un dépistage massif mais doit encore tenir ses promesses.
Le Trimprobe (pour "Tissue Resonance Interferometer") est un scanner portable qui détecte les tumeurs cancéreuses. L’appareil étonne autant qu’il promet. Le patient reste habillé et ne reçoit que des ondes magnétiques moins intenses qu’un téléphone portable.
Facile et pas cher
Ergonomique et non-traumatisant, cet instrument pourrait être le complément idéal du scanner IRM (Imagerie à Résonance Magnétique), l’appareil traditionnel qui équipe les hôpitaux, beaucoup plus volumineux et onéreux .
Pour l’obtenir, son inventeur, Clarbruno Vedruccio, physicien à l’Université de Bologne (Italie) a puisé dans ses recherches en détection de mines non-métalliques et d’explosifs au plastique.
Comme l’IRM, le Trimprobe se base les phénomènes de résonances magnétiques des tissus humains. Sous l’influence d’un champ magnétique, ces derniers, constitués de molécules polarisables, se comportent comme de minuscules aimants. Et réagissent - ou "résonnent" - à différentes fréquences. Cette propriété permet d’établir soit une image 3D dans le cas de l’IRM, soit un graphique à bandes dans le cas du Trimprobe.
C’est oui ou c’est non
L’appareil est encore imprécis. Pour le moment, les chercheurs ne comprennent pas pourquoi les tissus cancéreux réagissent fortement autour de 400 MHz. Quant au graphique de résultats produit par le Trimprobe, il ne renseigne pas sur la localisation exacte de la tumeur, encore moins sur sa nature.
Pourtant, le directeur du projet, l’urologue Carlo Bellorofonte, est enthousiaste. "Les résultats sont époustouflants. Ce scanner très sensible, rapide et non intrusif semble idéal pour le dépistage massif des tumeurs", déclare-t-il à la revue spécialisée américaine The New Scientist.
Selon les inventeurs du Trimprobe, des essais menés en clinique montrent que le scanner décèle 93% des cancers de la prostate et repère deux cancers du sein sur trois.
"Trop prématuré"
Ces chiffres ne convainquent pas totalement Françoise May-Levin, cancérologue pour la Ligue contre le cancer. "Trop prématurés, estime-t-elle. Bien sûr, ce serait formidable que cette technologie tienne ses promesses. Malheureusement, tous les cancers ne sont pas facilement détectables. On a déjà donné beaucoup de faux espoirs aux malades avec d’autres techniques."
Françoise May-Levin rappelle que "l’IRM n’est pas une technique de dépistage de masse. La technique n’est utilisée que dans des cas complexes, par exemple dans le cas d’un sein irradié."
Selon la scientifique de la Ligue contre le cancer, le Trimprobe devra faire sa place parmi les autres instruments de dépistage. Des "techniques fiables, peu agressives et économiques existent déjà pour le cancer du sein pour les femmes et ceux de la prostate et du colon pour les hommes", les formes de cancers les plus répandues.
Facteur humain
Le dépistage massif est un enjeu qui monte, au moment où le gouvernement français lance une campagne qui prévoit d’envoyer des convocations aux personnes dites "à risque", dans le cadre de l’année de la lutte contre le cancer. Pour mener cette initiative, les autorités comptent aider les départements à s’équiper pour pouvoir réaliser un dépistage massif de la population (à l’heure actuelle, pour le cancer du sein, seuls 44 % des départements disposeraient des infrastructures nécessaires).
Enfin, Françoise May-Levin rappelle que le faible prix et la facilité d’utilisation des équipements ne sont pas les seuls critères de succès d’un dépistage et rappelle l’importance du facteur humain. Le Trimprobe engendrerait par exemple des coûts de formation : "Tout le monde ne saura pas lire correctement les graphes, prévient la spécialiste de la Ligue contre le cancer. Et quand bien même le personnel pourra être formé, ce sera toujours l’expérience du médecin qualifié qui primera."
Le Trimprobe devrait être commercialisé vers la fin de l’année 2003. Le constructeur italien d’équipement spatial Galileo Avionica compte le produire et le vendre au prix de 29 000 euros, si les tests scientifiques sont validés.