Tout a commencé en 1998, au hasard d’un surf. Sur un site professionnel de développeurs informatiques, Colin Savage est tombé sur un système d’échange de photos pornographiques mettant en scène des mineurs. Co-directeur de Live Wires, une petite société canadienne de création de logiciels éducatifs, Colin venait justement d’être contacté par la police pour élaborer un jeu mettant en garde les enfants contre les pédophiles et autres prédateurs rôdant sur le Net. "Le lendemain, nous avons décidé de développer Missing ", raconte Drew Ann Wake, qui dirige Live Wires.
Prédateurs de l’Internet
Sorti en février 2000, Missing est un véritable jeu d’aventure, dont le but est de retrouver Zack, un jeune internaute parti rejoindre un parfait inconnu rencontré sur la Toile. Le jeu a déjà été distribué dans près d’un tiers des écoles canadiennes et devrait équiper rapidement les 15 400 établissements primaires canadiens. Objectif : sensibiliser les plus jeunes aux risques qu’ils prennent en racontant leur vie dans les chatrooms à des interlocuteurs inconnus. "En 1998, le FBI a ouvert 700 dossiers liés à ces prédateurs de l’Internet, raconte Drew Ann Wake. En 1999, ils en ont constitué 1498." La semaine dernière encore, un homme de 53 ans suspecté d’acheter des enfants mineurs via le Web a été arrêté aux ...tats-Unis.
Une histoire vraie
Le jeu est on ne peut plus réaliste. Sa conception s’est déroulée en coopération avec les services de police et d’éducation. "Nous voulions bâtir le scénario d’après un vrai kidnapping", explique Drew Ann Wake. Live Wires s’est inspiré de l’histoire d’un adolescent de Vancouver devenu ami avec un prédateur rencontré sur une chatroom. L’adulte avait acheté au jeune garçon un ordinateur portable, à condition que ce dernier stocke à sa place des fichiers compromettants. C’est la mère du garçon qui a découvert l’affaire alors que son fils s’apprêtait à aller rejoindre le prédateur à New York, soi-disant pour devenir son associé. Seule différence : dans le scénario de Missing, l’adolescent part vraiment.