Les climatologues persistent et signent : on constate bien un réchauffement global de la planète depuis la fin du XXe siècle et celui-ci serait le plus important observé depuis 2000 ans. Une nouvelle étude, réalisée par l’Américain Michael E. Mann et le Britannique Philips D. Jones, démonte ainsi l’argumentaire attentiste du gouvernement de George W. Bush.
L’équipe Bush fonde son rejet du protocole de Kyoto sur certaines études scientifiques contestant l’existence d’un réchauffement d’origine humaine. L’une d’entre elles a été publiée en début d’année dans la très sérieuse revue Climate Research. Ses auteurs, Willie Soon et Sallie Baliunas, y niaient la gravité du phénomène et l’estimaient comparable à d’autres épisodes chauds observés au cours du dernier millénaire (Lire notre article).
Les travaux de Mann et Jones démontent cette affirmation puisqu’ils soulignent le caractère exceptionnel du réchauffement actuel. Publiée dans la revue Geophysical Review Letters, l’étude intitulée "Global surface temperatures over the past two millennia" se fonde sur des enregistrements de températures effectués dans plusieurs régions de l’hémisphère Nord sur les 2000 dernières années.
Ces relevés de température annuels sont désormais possibles à l’aide d’indices fossiles indirects en analysant les compositions chimiques des sédiments marins et lacustres ou des couches profondes des glaciers.
Pour ces auteurs, l’ampleur du réchauffement observé depuis une trentaine d’année dépasse largement celle du radoucissement médiéval qu’a connu la Terre entre les années 800 et 1400. Ils contestent ainsi directement les conclusions de Soon et Baliunas, qu’ils citent dans leur papier comme une "étude viciée" ("flawed study").
Manipulations idéologiques
La publication de l’article de Soon et Baliunas dans une revue à comité de lecture est aujourd’hui considérée comme une véritable manipulation par une partie de la communauté scientifique en raison des erreurs méthodologiques commises par ses auteurs.
L’éditeur en chef de Climate Research, Hans von Storch, a d’ailleurs démissionné le 28 juillet car la direction de la revue lui refusait l’insertion d’un commentaire reconnaissant que la publication de l’article Baliunas et Soon n’aurait pas dû être acceptée par le comité de lecture.
Alors que Soon et Baliunas n’ont jamais caché leurs liens étroits avec les néo-conservateurs américains, cette affaire pourrait finir par éclabousser l’équipe Bush. Accusé par le récent rapport parlementaire Waxman d’avoir eu à plusieurs reprises recours à l’intoxication scientifique pour justifier ses décisions (ou non-décisions) les plus controversées, le gouvernement américain continue d’appuyer ses argumentaires sur cet article douteux.
Le site du Représentant Henry Waxman sur l’utilisation des sources scientifiques par l’administration Bush:
http://www.house.gov/reform/min/pol...