Qui est donc Thomas Middelhoff ? Cet Allemand de 47 ans dirige Bertelsmann, l’un des plus gros groupe de médias au monde. Et pourtant l’homme est peu connu du grand public, moins sans doute que son grand rival européen (et néanmoins ami, selon ce dernier), Jean-Marie Messier. Comme le rappelle David D. Kirkpatrick dans son article publié dans le New York Times, lors de la conférence de presse du 31 octobre 2000 pour annoncer l’alliance entre Bertelsmann et Napster, la figure la plus médiatique était sans conteste Shawn Fanning, le jeune (19 ans) créateur du diablotin de la musique en ligne. Napster, justement, est le grand pari de cet homme qui aime surprendre... et sait communiquer : "Napster est assez cool", déclare-t-il. Là encore, le parallèle avec un Jean-Marie Messier s’impose (lire sin interview dans Transfert Magazine n°13, avril 2001). Sauf que Thomas Middelhoff s’est montré plus audacieux, en prêtant 60 millions de dollars à Napster – en échange du simple droit d’en acquérir ultérieurement une part du capital – pour le transformer en service payant. Personne ne sait encore si ce pari réussira, mais cela n’empêche pas Thomas Middlehoff de faire preuve d’un optimisme inaltérable. Excessif, diront certains.
Un flair déjà prouvé
Sans aucun doute, il lui reste de nombreux obstacles à aplanir (les procès en cours, la volonté de coopération des autres majors du disque, le risque de faire fuir les Napsteriens en les faisant payer...). Mais le flair de Thomas Middelhoff a déjà payé. En 1994, il convainc Bertelsmann – qu’il ne dirigeait pas encore – de financer intégralement (150 millions de dollars) le lancement de AOL Europe pour seulement 50 % du capital, la maison-mère américaine s’octroyant l’autre moitié pour son seul savoir-faire. Au même moment, Bertelsmann acquiert 5 % de la société de Steve Case pour 50 autres millions de dollars. En 1999, le groupe se désengage de ces deux participations pour 1,4 milliard de dollars et 8 milliards de dollars respectivement. En 1994, Thomas Middlehoff souhaitait prendre 20 % du capital d’AOL pour 200 millions de dollars. C’est le conseil d’administration de Bertelsmann, paniqué, qui a divisé par quatre ses appétits. Certains doivent s’en mordre les doigts.
Habile communicant
Thomas Middelhoff aime raconter qu’il doit à Steve Case son ascension à la tête de Bertelsmann. Une version pourtant démentie par son prédécesseur, qui rappelle que le choix du conseil d’administration s’est porté sur Thomas Middelhoff avant que l’alliance avec AOL ne porte ses fruits. Sans doute faut-il plutôt créditer sa capacité de travail colossale et ses talents de communicant charismatique, à en croire le New York Times. En revanche, sa présence prolongée au conseil d’administration d’AOL a certainement beaucoup contribué à l’américanisation de Thomas Middelhoff, qui répète inlassablement que Bertelsmann est une société internationale, pas une entreprise allemande. Encore un point commun avec Jean-Marie Messier, qui refuse de limiter Vivendi à une perspective hexagonale.
L’article du
New York Times (pré-enregistrement gratuit indispensable):
http://www.nytimes.com/2001/06/10/m...