Vous pensez que le gouvernement, la police ou le site que vous venez de visiter sont les seuls à pouvoir vous espionner ? Erreur. Votre patron, mari, femme ou colocataire en sont également capables grâce à un snoopware, des logiciels espions plutôt bon marché que PC World a testés. SpectorSoft’s EBlaster (l’"e-destructeur", sic) et Spector 2.1 sont probablement les plus connus. De l’aveu même d’un employé de l’entreprise qui les distribue, ils serviraient dans la moitié des utilisations à se fliquer entre époux, et, à 20%, à surveiller ses enfants. Ces programmes font régulièrement des copies d’écran, enregistrent les applications utilisées et tout ce qui sort de la machine (même les messages envoyés par ICQ et consorts) avant d’envoyer leurs rapports par e-mail. Autre mouchard, WinWhatWhere’s Investigator est plus spécialement conçu pour épier les employés : il enregistre les applications utilisées et tout ce que l’on tape sur le clavier. Insight, quant à lui, ne peut surveiller votre session web que si vous utilisez Internet Explorer, mais est capable d’espionner un réseau entier d’ordinateurs.
74% des sociétés américaines espionnent leurs employés
Pour mieux prendre la mesure de cette "bigbrotherisation" en marche de la société, l’article cite une récente étude de l’American Management Association révélant que 74% (contre 35% en 1997) des 2 100 sociétés interrogées surveillent les communications électroniques (internet et e-mail), mais aussi les fichiers et applications utilisées, et même les coups de fil de leurs employés. De plus en plus d’employés sont ainsi licenciés pour avoir échangé des photos pornos, mais aussi pour avoir critiqué, en interne, leur société et envisagé d’y créer un syndicat. Si de tels programmes auraient déjà servi à repérer détournements et fraudes, les défenseurs du respect de la vie privée voient d’un sale œil cette intrusion manifeste dans le domaine des données personnelles. Pour Marc Rotenberg, de l’Electronic Privacy Information Center (EPIC), "les changements de nature et de structure du lieu de travail entraînent de plus en plus de surveillance furtive ou déguisée des employés, qui va à l’encontre même de leur droit à la vie privée et à la dignité". Actuellement en discussion aux ...tats-Unis, plusieurs projets de loi visent à obliger les employeurs à prévenir leurs salariés en cas de surveillance de leurs activités. En France, cette précaution est obligatoire.
Furtifs, cachés, détectables, mais imparables
Attentionné, PC World se fend même de quelques conseils permettant de déceler la présence, ou non, de ces programmes qui, bien entendu, tournent en mode furtif et ne se laissent pas découvrir facilement. En premier lieu, vérifiez si des modifications sont intervenues dans vos fichiers systèmes en faisant régulièrement des sauvegardes de votre disque dur. Ces backups font un relevé détaillé de ce qui a changé et toute modification ou apparition inexpliquée de fichiers .dll ou .exe pourrait s’avérer suspecte. De même, ces programmes peuvent affecter votre base de registre, qu’il convient de vérifier régulièrement avec des éditeurs idoines, tels que Registry Tool. De plus, ces fichiers sont "cachés", entendez par là qu’on ne peut pas les voir, même en activant la fonction "Afficher tous les fichiers" (dans le menu Affichage des options de l’explorateur Windows). PC World révèle enfin les noms de fichiers utilisés par les snoopwares : ainsi, si vous vous apercevez de la présence de mswnsrvx.cnt, shmswnrc.dll, winmsskfzwin.drv ou encore aa81232.exe, dites-vous bien que vous êtes probablement surveillés. Et qu’il n’existe aucun moyen fiable de s’en protéger.