Avec l’apparition d’Internet, la mort rapide du Minitel semblait inéluctable. Cinq ans plus tard, ce bon vieux Minitel est toujours là.
La bataille des Anciens et des Modernes. C’est en quelque sorte le résumé que fait le New York Times de la lenteur des Français à passer du Minitel à l’Internet. Il est vrai que de tous les pays européens, c’est la France qui a connu le plus lent démarrage de l’Internet. En 1997, seul 0,7 % des Français disposaient d’une connexion, contre 27 % des Danois, leaders européens en la matière. L’existence même du Minitel serait-elle responsable de ces prémices frileuses ? Ou bien faut-il y voir l’attachement à l’exception culturelle et le signe d’un anti-américanisme encore vigoureux, à une époque où 98 % du contenu sur Internet était en langue anglaise ? La donne a bien changé depuis, remarque toutefois le New York Times. En 2000, 40 % des Français possédaient un ordinateur dans leur foyer et 22 % de la population disposait d’un accès à l’Internet. Et l’année dernière, le nombre de minutes passées par les Français sur Minitel, ainsi que le montant des transactions qu’ils y ont effectuées, ont chuté de 11 %. Se pourrait-il que le gros cube marron ait préparé le terrain à un engouement massif pour l’Internet ?
Pas sexy pour un sou
En tout cas, à l’heure du tri pour les sociétés Internet, le Minitel intrigue la presse américaine. Le magazine Wired consacre lui aussi un article à ce "terminal en plastique avec un clavier escamotable et un écran noir et blanc, qui semblait ringard et pas sexy pour un sou". Ce qui attise la curiosité, c’est que le Minitel a connu un succès fulgurant (9 millions de terminaux, 16 millions d’utilisateurs, près de 5 milliards de francs de recette en 2000) alors même qu’il s’agissait d’un service payant. De quoi faire rêver les jeunes pousses de l’Internet asphyxiées par la culture du tout-gratuit.