Partie pour un voyage de trois ans, la sonde américaine Genesis doit récolter des échantillons de vent solaire. Le but : mieux connaître le soleil et ses satellites et ainsi remonter aux sources du système solaire.
Problèmes techniques, mauvaises conditions météo... C’est finalement avec neuf jours de retard que la sonde américaine Genesis a démarré son périple. Lancée mercredi 8 août de Cap Canaveral par une fusée Delta II (Boeing), l’engin de la NASA voyagera trois mois avant de commencer à récolter des échantillons de vent solaire. On appelle vents solaires le flux permanent de particules provenant des émissions de gaz du soleil. "La meilleure preuve que l’on ait de l’existence du vent solaire, c’est lorsque l’on observe la queue des comètes qui passent près du soleil. On voit alors deux queues. La première, la queue habituellement observée, forme une sorte de traînée gazeuse derrière la comète. La seconde est très caractéristique puisqu’elle part exactement dans le sens opposé au soleil. C’est en fait le vent solaire qui souffle une partie du gaz émis par la comète", développe Marc Chaussidon, chercheur au Centre de recherche pétrographique et géochimique de Nancy.
Un parachute et un hélicoptère
À 1,5 million de kilomètres du globe, libérée de l’influence de la magnétosphère terrestre, Genesis empruntera une orbite autour du point de Lagrange, l’endroit le plus approprié, selon les scientifiques, pour récolter les vents solaires. Pendant deux ans et demi, Genesis exposera des écrans, grands comme une roue de vélo, composés de diamant, de silicium, d’or ou de saphir pour piéger des particules solaires. "Il faut des matériaux très purs pour, ensuite, faire de bonnes analyses. Par exemple, pour déceler l’oxygène dans le vent solaire, il faut un matériau sans aucun atome d’oxygène. Pendant le voyage en orbite, les écrans seront bombardés par le vent solaire et coinceront des particules, sur une épaisseur de 50 nanomètres environ", explique Marc Chaussidon. En septembre 2004, la sonde devrait être de retour sur Terre. Un retour qui s’annonce d’ailleurs périlleux puisque les scientifiques veulent à tout prix éviter un impact avec le sol qui pourrait perturber les éléments ramassés. La sonde déploiera donc un grand parachute après son entrée dans l’atmosphère, et sera récupérée en plein ciel par un hélicoptère et un équipage spécialement préparé.
Comme la pierre de Rosette...
Les 10 à 20 micro-grammes de particules ainsi récupérés, seront analysés et devraient permettre de répondre, au moins partiellement, à des questions sur la composition du soleil ou sur son origine. "Concrètement, les chercheurs vont faire des mesures de la composition isotopique des échantillons, puis la comparer avec celle de roches trouvées sur d’autres planètes. À partir de là, il sera possible d’en savoir un peu plus sur la formation des planètes de notre système solaire, ajoute Marc Chaussidon, avant de compléter, Mais vous savez, ce ne sont pas les premières mesures que l’on fera. D’autres ont été faites in situ, dans l’espace. Mais en ramenant ces éléments sur Terre, on pourra être plus technique et plus précis."
La Nasa, à qui le projet Genesis a coûté un milliard et demi de francs, doit lancer un appel d’offre pour l’analyse des échantillons, et la France pourrait y participer. Une partie de la matière recueillie sera mise de côté en attendant le développement d’appareils d’analyse plus précis. "Cette mission sera la pierre de Rosette de l’astronomie parce qu’elle va nous montrer les fondations à partir desquelles notre système solaire a évolué", s’est enthousiasmé, Chester Sasaki, le responsable du projet Genesis, dans les colonnes de la BBC News.