Les personnalités, invitées à se prononcer sur l’assignation de treize fournisseurs d’accès par l’association J’accuse, comparaissent, mardi 4 septembre, devant le juge Gomez.
Treize des principaux fournisseurs d’accès français à Internet (FAI) doivent-ils empêcher leurs clients de charger sur leur ordinateur les pages du site néo-nazi Front14.org, hébergé en Alaska ? C’est la question qui était posée au juge des référés parisien, Jean-Jacques Gomez, à travers la plainte de l’association J’accuse. En juin 2001, celle-ci avait assigné treize FAI et l’association qui les représente (l’AFA), leur demandant de bloquer le site. Un mois plus tard, le juge de l’affaire Yahoo ! estimait indispensable de "prolonger la réflexion engagée lors de l’audience par l’audition de grands témoins cités à l’initiative des parties". Ce grand débat de l’Internet (encore un qui échappe au Forum des droits de l’Internet) aura lieu mardi 4 septembre. Une grand-messe, en quelque sorte, qui fera intervenir treize personnalités (le cas Yahoo ! avait mobilisé trois experts) et pourrait facilement déborder les six heures d’audience prévues.
Iris, Joffrin et Finkielkraut
Les deux parties ont suivi la partition du débat proposée par le juge Gomez, entre éléments factuels, questions techniques et problèmes éthiques.
Sur les solutions techniques de filtrage, trois experts judiciaires doivent témoigner : Jean-Raymond Lemaire pour les FAI, François Wallon (déjà cité dans l’affaire Yahoo !) et Patrick Gordon pour J’accuse.
Sur les éléments factuels (le public touché par le site, la part d’internautes que représentent les fournisseurs d’accès), J’accuse mobilise Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, tandis que les FAI invitent Daniel Kaplan, président de la fondation pour l’Internet nouvelle génération.
Sur l’opportunité du filtrage, Joël Boyer, secrétaire général de la Cnil (commission nationale de l’informatique et des libertés) et Meryem Marzouki (association Iris) témoigneront pour les FAI. À leur invitation Thomas Meindl, juriste à l’université de Montpellier, se penchera sur les implications constitutionnelles des mesures demandées et Richard Swetenham, fonctionnaire à la Commission européenne, évoquera la politique communautaire. J’accuse, de son côté, a fait appel à des gardiens de la mémoire : le philosophe Alain Finkielkraut, l’universitaire Catherine Coquio, présidente de l’association internationale de recherches sur les crimes contre l’humanité et les génocides, et le sociologue Gérard Rabinowtich. L’association a également invité Gilles Braun, chargé de mission TIC au ministère de l’...ducation nationale.