Yahoo ! a décidé de proscrire les ventes d’objets nazis de son site d’enchères. Ce n’est pas une réponse à la demande du juge français, dit l’entreprise, mais une prise en compte du débat. Nuance !
C’est fait. À partir du 10 janvier, Yahoo ! interdira toute vente d’objets nazis sur son site d’enchères (Yahoo ! Auctions). Mais attention, cette décision n’ "est pas une réponse à l’ordonnance de la justice française" même si "elle a été prise en tenant compte du débat français" précise quand même Philippe Guillanton, le directeur de Yahoo ! France.
La firme américaine aurait donc subitement changé d’avis, elle qui se refusait à appliquer l’ordonnance du juge Gomez l’obligeant à filtrer l’accès à ses enchères pour les internautes français. Pas du tout ! "Nous débattons depuis longtemps d’une modification de nos orientations commerciales. Le site d’enchère va devenir payant et dans ce contexte nous avons décidé de mettre en place un programme de monitoring", précise le PDG de la branche française. Autrement dit, si Yahoo ! a décidé de supprimer les enchères litigieuses, ce n’est pas pour suivre l’ordonnance du juge mais pour des questions de marketing. "Il y a eu une prise de conscience aux ...tats-Unis. Certaines choses ne peuvent faire l’objet de commerce." Hum...L’argument paraît fragile. "Pas du tout, se défend Philippe Guillanton. Si, moralement, nous répondons à la demande de la justice, techniquement nous n’y répondons pas. Nous allons systématiquement supprimer les enchères illicites du site mais sans exercer un filtrage à priori des internautes français comme l’avait demandé le juge." En résumé : Yahoo ! donne satisfaction au juge mais sans appliquer à la lettre son ordonnance. Pourquoi alors avoir, une semaine auparavant, porté l’affaire devant une juridiction américaine ?
Là encore, Philippe Guillanton dégaine la réplique appropriée : "Nous contestons toujours la décision française qui veut obliger les sites à exercer des filtrages en tenant compte de la nationalité des internautes. Nous continuons le débat par notre demande aux Etats-Unis." Une stratégie alambiquée mais qui pour l’instant satisfait la Licra (Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme). "Yahoo ! est comme un enfant qui n’accepte pas qu’on lui dise ce qu’il doit faire mais qui obéit quand même à sa façon. L’essentiel pour nous est qu’ils aient enfin compris qu’il était indigne de proposer sur leur site de tels appels à la haine", commente, amusé, Marc Levy, son avocat. Le débat, lui, continue.