Les Big Brother Awards priment les organismes contribuant à la surveillance des citoyens. Le jury français remet ses prix lundi 28 janvier. La liste des nominations est parue.
Les Big Brother Awards vont être décernés pour la deuxième fois en France le 28 janvier. Ces " récompenses " distinguent les organismes (Etat, entreprises, collectivités locales) qui contribuent au renforcement de la surveillance des citoyens. Dans le contexte actuel, la statuette dorée — représentant une chaussure de ranger piétinant un visage _ pourrait concerner tous ceux qui contribuent à fait monter en épingle cette fameuse " insécurité ", qui serait, de mémoire d’homme, plus élevée que jamais. Un peu comme les crues de la Seine. Mais les organisateurs de la cérémonie - ce sont en partie les mêmes qui organisent le rendez-vous activiste No-zelig conf - se concentrent sur les utilisations de la technologie qui rapprochent nos sociétés du totalitarisme orwellien imaginé dans le roman 1984, d’où est tiré le nom " Big Brother ".
Interconnection des dossiers
La liste des nominations a été divisée en quatre catégories aux contours parfois un peu flous : " administrations " qui désigne les services de l’Etat et le pouvoir politique, entreprises, produits et collectivités locales, avec en plus un " prix spécial du jury ". On y trouve, sans surprise, le gouvernement actuel, pour l’adoption de la loi sur la sécurité quotidienne, le salon Milipol, consacré à l’armement high-tech et plus globalement à la " sécurité intérieure des Etats ". Les organisateurs des Big Brother Awards estiment que cet événement, qui bénéficie en général des reportages complaisants des journaux télévisés, " fait la promotion sans frontières aux technologies de surveillance et de contrôle des individus ". La carte de Sécu Sésame-Vitale a été sélectionnée pour avoir " rendu possible l’interconnection des dossiers médicaux avec les systèmes de traitement informatiques de l’industrie médicale ".
Prix Voltaire
Des secteurs commerciaux sont aussi mentionnés, comme " les établissement de crédit ", qui incluent des critères de nationalité dans leurs fichiers clients. Une pratique qui soumet l’accord de prêts à un système de points dans lequel un handicap est attribué d’office certaines origines. Outre un radar routier et un système de vidéosurveillance dans les HLM, le jury des Big Brother Awards devra choisir entre tout un tas d’initiatives, dont la pertinence dans la sélection n’est pas forcément acquise. Remarque qui vaut également pour le prix positif que les BBA ont choisi de décerner : la liste du " prix Voltaire ", qui entend distinguer ceux qui s’opposent à la surveillance inclut par exemple Andy, membre du collectif des Yesmen, qui tourne régulièrement en dérision le discours de l’Organisation mondiale du commerce.