Pour produire de l’électricité, laissons-les respirer...
Les portables de demain seront peut-être un jour rechargeables... au sucre. Des microbiologistes de l’université du Massachusetts étudient en effet comment certaines bactéries peuvent s’agréger en biofilms capables de générer de l’électricité en continu.
Tous les êtres vivants doivent respirer pour produire de l’énergie. Au niveau des molécules, cette respiration se traduit par un échange d’électrons. Dans les cellules humaines et chez certaines bactéries vivant à l’air libre, des électrons sont échangés avec l’oxygène. Dans les milieux sans oxygène, les bactéries doivent échanger ces électrons avec d’autres composés, parfois métalliques : la respiration cellulaire génère alors un courant électrique correspondant au déplacement des électrons dans le métal.
G. sulfurreducens s’occupe de tout
Dans un article publié en mars dans la revue scientifique Applied And Environmental Microbiology, Derek Lovley et ses collaborateurs du Laboratoire de microbiologie de l’université du Massachusetts avaient montré comment des électrodes métalliques pouvaient recueillir l’énergie électrique produite lors de la respiration de la bactérie Geobacter sulfurreducens.
Evidemment, le courant généré par quelques cellules isolées est insuffisant pour alimenter un quelconque appareil.
En cas de carence en nutriments, ou si on la dépose sur une surface d’acétate, G. sulfurreducens a tendance à s’agglutiner à ses semblables et forme ainsi une pellicule appelée "biofilm". Selon le site BioMedNet, l’équipe de Lovley vient de mesurer que la respiration cellulaire d’un tel biofilm transforme le sucre environnant en électricité, avec une efficacité de 90 %.
G. sulfurreducens a déjà été étudiée pour son activité dépolluante, notamment pour nettoyer les sols contaminés par de l’uranium ou des phénols.
En manipulant, comme il l’ont déjà fait, le génome de la bactérie pour la rendre plus efficace et plus résistante, Lovley et ses collègues espèrent rapidement être en mesure de fabriquer des biofilms pouvant alimenter des équipements électroniques embarqués.
Le grand public sera-t-il mis au courant ?
D’ici quelques années, les batteries ainsi produites pourraient être plus autonomes (les bactéries sont vivantes), plus compactes (un biofilm est moins épais qu’une plaque) et plus résistantes (c’est une des qualités de la bactérie sulfurreducens) que celles d’aujourd’hui.
Pour les chercheurs, les batteries à bactéries pourraient d’abord servir à des équipements scientifiques comme les sondes de localisation sous-marine, que l’on attache aux baleines, par exemple. Elles seraient utiles, notamment, dans des endroits où les panneaux solaires sont inutilisables, comme les fonds sous-marins ou les grottes soutterraines. Ensuite, les bactéries, comme toute haute technologie, pourrait progressivement travailler au service du plus grand public.
L’université du Massachusetts
http://www.umass.edu/
Le Laboratoire de microbiologie de l’université du Massachusetts
http://www.bio.umass.edu/micro/
BioMedNet
http://news.bmn.com/news/story?day=...
La revue Applied And Environmental Microbiology
http://aem.asm.org/