Une start-up française a mis au point un format de compression-diffusion d’image et son de qualité exceptionnelle, et en bas débit. " i2bp " - c’est son nom - apporte pour la première fois la vidéo sur l’ordinateur ou le téléphone portable de M.Toutlemonde. La start-up est déjà en contact avec des géants mondiaux de l’informatique et de la communication. Transfert raconte.
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Compression
vidéo magique
La technologie de compression audio et vidéo
di2bp ne souffre en apparence daucun défaut. Il est
où le piège ?
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> C’est peut-être une première mondiale. C’est incontestablement un retournement majeur dans la courte mais déjà riche histoire de l’Internet et des nouvelles technologies. Une start-up française vient de mettre au point
un format exceptionnel de compression-diffusion de vidéo ET de son en ligne. Exceptionnel par la qualité tout d’abord. Les images - 25 par seconde et plein écran - que
Transfert a pu voir dépassent la qualité VHS et approchent la qualité numérique, le tout accompagné d’un son irréprochable. Habitué à la vidéo-saccadée-avec-son-qui-crachote sur timbre poste, si répandue sur le Net, on ne peut qu’être incrédule en découvrant les performances de i2bp. Et pourtant, ça ne s’arrête pas là. On découvre ainsi que les fichiers au format i2bp peuvent être diffusés à bas débit (qualité proche VHS). Inutile, pour accéder à la vidéo, de changer les bons vieux modems 28 ou 56 k pour l’ADSL ou le câble. Selon les spécifications fournies par ses créateurs, i2bp nécessite une bande passante de 2 kilo-octets par seconde. Du jamais vu. "
Et quand vous avez gagné la bataille du bas débit, vous êtes dans des conditions plus confortables pour gagner celle du moyen et du haut débit", confie Marc-Eric Gervais, l’iconoclaste créateur de i2bp.
De l’Internet bas-débit à l’UMTS
Walter Bouvais |
Cerise sur le gâteau, i2bp ne nécessite aucun téléchargement (ni
player, ni fichier). Pas besoin d’être thésard en informatique pour l’utiliser : l’internaute se contente de cliquer sur l’icône de sa vidéo favorite. Moins d’une demi-seconde plus tard, celle-ci est diffusée en plein écran. "
Diffusée" : le terme a son importance. I2bp est une technologie de diffusion en ligne qui ne permet pas de télécharger la séquence vidéo. Enfin i2bp est adaptable à tous les supports, de l’Internet bas débit à l’UMTS en passant par les assistants personnels (PDA), le GPRS et le câble. "
C’est une bombe que nous avons là", lâche, carrément, Jean-Yves Charron, le président de i2bp et de
l’Atelier de l’innovation, l’incubateur parisien qui abrite la start-up. Jean-Yves Charron et Marc-Eric Gervais - l’initiateur et responsable du projet "Web.fr", rebaptisé i2bp - trépignent d’impatience. Selon eux, le marché attend i2bp sans s’y attendre. De fait, les patrons des grands groupes rêvent probablement, d’une technologie aussi performante.
À vendre au plus offrant
Or, précisément, i2bp est à vendre. Jean-Yves Charron nous a assuré avoir déjà rencontré les représentants de gros industriels des nouvelles technologies et de la communication. Certains contacts sont déjà très avancés et d’autres rendez-vous auront lieu dans les tous prochains jours, assure-t-il. L’enjeu - de taille - pour l’Atelier de l’innovation, c’est d’imposer i2bp comme nouveau standard. "Il faut savoir que des entreprises comme Microsoft ou Intel ont toujours investi dans ce genre de technologies innovantes", rappelle Olivier Beauvillain, analyste média chez Jupiter Research. L’opportunité, pour un grand groupe de communication, c’est de donner corps à des promesses technologiques et commerciales jusqu’ici rarement tenues, le flop du Wap en est le dernier exemple. "Prétendre aujourd’hui, comme le font certaines publicités, que l’on peut voir un concert de Johnny sur son téléphone portable est un mensonge. Mais i2bp réalise cette promesse", jure Jean-Yves Charron. Et si i2bp tient ses promesses, l’Internet s’apprête à vivre une nouvelle ère, celle de la vraie vidéo en ligne.
La nouvelle vie du marché du divertissement
La force de la technologie i2bp c’est en effet de pouvoir diffuser de la vidéo et du son en bas débit, donc sur un parc informatique déjà existant. Un nombre considérable d’activités pourront se sentir concernées par l’invention. On peut citer, entre autres, le marché de la formation en ligne (le e-learning), ceux de la visioconférence et de la "vidéophonie" (téléphone et image en ligne). Enfin, bien sûr, le marché du divertissement. AOL, Vivendi Universal ou Viacom - entre autres - ne peuvent que rêver d’une technologie du type i2bp. Pouvoir diffuser à bas débit des images et du son marque ainsi le coup d’envoi de la "vidéo à la demande", suspendue, jusqu’alors, à l’expansion du haut débit. Or, ce qui fait la force de i2bp, c’est que le haut débit ne sera pas démocratisé avant longtemps. "Nous sommes prudents en matière de vidéo en ligne et pensons que le déploiement du haut-débit se fait bien plus lentement qu’annoncé, rappelle ainsi Olivier Beauvillain, analyste médias chez Jupiter Research. Selon nos estimations, un tiers seulement des foyers américains en seront équipés en 2005." Enfin, outre la révolution de la diffusion à bas débit, l’absence de téléchargement constitue une aubaine pour les multinationales, trop heureuses d’apprendre qu’avec i2bp le piratage des œuvres visionnées ou écoutées devient impossible.