Jean-Pierre Arbon, 47 ans, est PDG et cofondateur des éditions en ligne 00h00.com. La start-up lancée en mai 1998, vient d’être rachetée à 100 % par le groupe américain Gemstar, pour un montant tenu secret.
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Transfert - Quand vous est venue l’idée de vous adosser à un grand groupe ?
Jean-Pierre Arbon - Nous avons commencé à y réfléchir en février-mars. Stephen King lançait alors son premier roman électronique et AOL annonçait le rachat de Time Warner. Des "grands" ont commencé à s’intéresser à nous et nous ont contactés. Nous avons discuté avec beaucoup de monde : avec des américains, avec le groupe Arnault, avec Lagardère. Et puis, lors du Salon du livre, nous avons commencé à négocier avec Gemstar.
Avez-vous l’assurance de conserver votre indépendance éditoriale ?
Nous avons choisi de nous appuyer sur une entreprise qui travaille dans le domaine technologique, ce qui nous laisse entièrement libres sur le plan éditorial. Gemstar met au point des procédés de livres électroniques et a signé un accord avec Thomson Multimédia, qui les fabrique. Ces appareils sont d’ailleurs très bien acceptés par le public : celui - pas forcément technophile - du Salon du livre s’était montré très intéressé par cette nouvelle forme de lecture.
Avec ce rachat, ne risquez-vous pas d’abandonner votre métier d’éditeur au profit de la distribution de contenus destinés aux livres électroniques ?
Le développement des supports électroniques fait que de nouvelles formes d’écriture sont aujourd’hui en gestation. Plus que jamais, il va donc falloir "trier" les contenus : c’est notre métier, celui d’éditeur. C’est ce que Gemstar a apprécié en nous. Cela dit, nous comptons également devenir un vrai distributeur de contenus électroniques. Nous avons déjà des accords avec Hachette et Hatier. Et nous allons étendre nos partenariats dans les prochains mois.
Est-ce que l’arrivée du livre électronique va faire baisser le prix des ouvrages numériques ?
On peut imaginer beaucoup de choses. Il est possible par exemple qu’un même ouvrage numérique soit vendu moins cher après quelques mois d’existence, un peu à l’image de ce qui se fait pour les livres papier, vendus moins chers lorsqu’ils paraissent au format de poche. Mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Aujourd’hui je n’ai pas encore la réponse à votre question.
Votre rachat préfigure-t-il d’autres mouvements dans le monde français de l’édition ?
Notre monde va devoir s’adapter très vite. Les multiples mouvements observés cet été aux Etats-Unis chez les grands éditeurs et libraires ne laissent aucun doute : la France sera "touchée" très prochainement.