Journaliste, écrivain et scénariste, Jésus Díaz a quitté Cuba pour Madrid
en 1992. Après avoir été proche de Castro au début de la révolution, quand
il dirigeait le supplément culturel de l’hebdomadaire officiel Juventud Rebelde,
il a créé cubaencuentro.com pour préparer Cuba à la démocratie.
Pourquoi avez-vous lancé un tel site sur l’actualité cubaine ?
Nous avons décidé de lancer le quotidien en ligne cubaencuentro.com en décembre 2000. La première et quasiment unique raison qui nous y a poussés est le manque de liberté d’expression sur l’île. Je suis en exil en Espagne, dans un pays où je peux écrire ce que je pense. Il faut en profiter et, par la même occasion, donner la parole à des journalistes là-bas. Internet est le meilleur moyen d’informer le plus grand nombre sur la réalité cubaine et, ainsi, d’ouvrir le débat sur l’après-Castro. La liberté d’opinion est une condition sine qua non pour l’avènement de la démocratie à Cuba.
Des dissidents à Cuba vous fournissent des informations. Comment vous les font-ils parvenir et que risquent-ils ?
Plusieurs journalistes indépendants, des « contre-révolutionnaires » selon Fidel Castro, essaient de faire leur travail honnêtement. La plupart du temps, ils nous dictent leurs articles au téléphone ou nous les font parvenir par fax. Certains nous les envoient même par e-mail, mais beaucoup plus rarement. Une chose est sûre : ils risquent la prison à chaque instant. D’après nos informations, deux journalistes sont emprisonnés aujourd’hui et un procès, à charge bien entendu, devrait avoir lieu bientôt. Ils sont accusés de « propagande ennemie » parce que plusieurs de leurs papiers ont été publiés sur des sites à Miami ou ailleurs. L’un d’entre eux, José Orlando González Bridón, risque sept ans de prison pour avoir accusé le gouvernement, dans l’un de ses articles, d’être impliqué dans l’assassinat d’une opposante au régime.
Comment se porte Internet à Cuba ?
Officiellement, seuls les hauts fonctionnaires, les membres du gouvernement et quelques étrangers (ambassades et entreprises) peuvent se connecter. Mais il existe aussi des connexions illégales, vendues pour une poignée de dollars. Les dissidents arrivent à se connecter plus souvent qu’on ne le croit. C’est le début de la fin pour Castro, qui ne peut pas contrôler Internet. La démocratie l’emportera, en partie grâce au Net.
http://www.cubaencuentro.com
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