Internet favoriserait la démocratie et de liberté d’expression ? Pas si sûr, révèle un rapport d’une ONG, la Carnegie Endowment for International Peace, dévoilé mardi 17 juillet.
Idée communément admise : Internet représente une véritable menace pour les régimes autoritaires qui ne pourraient résister à ce formidable véhicule de la liberté d’expression. Mais la Carnegie Endowment for International Peace, une ONG philanthropique créée en 1910 pour promouvoir la paix internationale, remet en cause ce lieu commun. Internet ne ferait pas si peur que cela... Pire encore, le Réseau pourrait même servir directement les intérêts de ces pays autoritaires. Pour le prouver, ce nouveau rapport, réalisé par Shanti Kalathil et Taylor C. Boas, se penche sur les cas de la Chine et Cuba.
Internautes sous haute surveillance
Face à Internet, ces deux pays ont usé de stratégies que les auteurs du rapport qualifient de "réactives" et "proactives". La première consiste à se défendre face au développement d’Internet. La Chine a, ainsi, fait le choix d’autoriser et même d’encourager l’accès à Internet. Mais, bien entendu, sous certaines conditions... Filtrages, contrôles des comportements en ligne, censures, arrestations sont autant de mesures destinées à empêcher tout comportement "asocial" des quelque 22,5 millions d’internautes chinois, recensés par des agences officielles de l’Empire du Milieu. Des mesures d’autant plus radicales que les Chinois sont peu tentés d’aller voir des sites étrangers puisqu’ils ne maîtrisent pas, pour la plupart, l’anglais.
Nouvelle arme pour les pays totalitaires
Cuba a, pour sa part, réagi de manière encore plus catégorique : l’accès à Internet n’est autorisé que dans des endroits "sûrs" comme des universités ou des bureaux. Quant à l’accès au domicile, il n’est accordé que très rarement. À l’exception d’un seul cybercafé à la Havane, hors de prix pour les cubains, il n’existe aucun lieu commercial légal pour accéder au Net. Point besoin, donc, pour l’...tat, de contrôler les habitudes des internautes cubains : ils sont si peu nombreux. 60 000 cubains bénéficient d’une adresse internet et seulement quelques milliers d’ordinateurs disposent d’une connexion à Internet, selon le rapport.
Par ailleurs et surtout, la Chine comme Cuba ont décidé de ne pas "subir" Internet, mais d’en tirer profit : c’est la stratégie "proactive". Internet sert aussi de cadre à la propagande, à la promotion des sites destinés à prêcher la parole du gouvernement. Ces régimes autoritaires projettent aussi de créer des intranets nationaux qui ne permettront l’accès qu’à un contenu officiellement approuvé. Ils semblent donc avoir à leur disposition une nouvelle arme. Au moins à court ou moyen terme, Internet ne représente pas un danger pour eux.
Le rapport de la Carnegie Endowment for International Peace:
http://www.ceip.org/files/Publicati...