C’est sur le web que Silvio Berlusconi, candidat de la droite aux élections législatives italiennes des 13 et 20 mai, a fait connaître son programme politique. Pendant ce temps-là, les internautes italiens pouvaient s’amuser à jouer avec sa caricature, version tamagotchi.
L’ homme avant les idées : depuis le début la stratégie de Silvio Berlusconi, chef de file la droite italienne pour les législatives du 13 mai, a consisté à tout miser sur son personnage. A tel point que la Casa delle libertà (la maison des libertés), l’alliance menée par "il Cavaliere" n’avait même pas publié de programme à une semaine du scrutin. C’est désormais chose faite depuis lundi 7 mai : un document baptisé Contratto con gli Italiani (contrat avec les Italiens) a été mis en ligne sur le site de Forza Italia, le parti-club de supporters de Silvio Berlusconi. Dans ce texte ridiculement court, le plus célèbre bateleur de la péninsule s’engage à ne pas ...se représenter s’il ne tient pas ses promesses (notamment créer 1,5 millions d’emplois). La gauche italienne ironisait sur ce "parti sans programme". Qu’il s’agisse d’une stratégie délibérée de la droite ou d’un rattrapage tardif, la publication sur Internet de ce contrat témoigne en tout cas de la place prise par le média dans la campagne électorale.
Bingo !
"Vota per il tuo premier" (choisis ton premier ministre) : parmi les nombreux sites web qui proposent aux internautes une simulation du vote, la plupart témoignent de la très forte personnalisation des élections législatives italiennes. Qui se résument à un duel entre Francesco Rutelli, le candidat de gauche ( maire de Rome), et Silvio Berlusconi. Avec un cynisme assumé, le " site des indécis " , qui rencontre un franc succès à l’approche du scrutin, propose aux internautes un bandit manchot pour décider qui élire : un clic sur la manette et les cinq roulettes se mettent en marche. Quatre Rutelli et bingo ! Vous votez à gauche. Le goût bien connu des Italiens pour la politique se retrouve dans les nombreux sites de satire. Avec un traitement particulier pour l’homme d’affaires entré politique : Silvio Berlusconi, caricaturé ou déformé à grand renforts de photoshop sur le site Berluska qui affiche des centaines de fausses pub et affiches de campagne détournées.
Berlusconi sur ton portable
Le plus drôle reste sans doute le féroce Berlusgotchi, petit logiciel directement inspiré du Tamagotchi japonais. Le but : maintenir la cote de popularité du Cavaliere à grands renforts de scéances d’U.V., d’entretien des implants capillaires et de shows télévisés. "Nous sommes de plain pied dans l’ère de la politique marketing", est-il écrit sur la page du Berlusgotchi. La preuve en est administrée par l’utilisation du net par les candidats eux-mêmes : leurs discours sont bien sûr consultables en ligne (Rutelli les propose en vidéo), et les forums se remplissent de contributions ("N’oublie, pas Silvio, qu’il ne devra plus rester un seul communiste" lit-on sur le site de la droite ). Mais le détail qui tue, ce sont les "produits dérivés" proposés sur les sites des deux candidats : loterie pour gagner un dîner en tête -à - tête ou mug frappé du logo de campagne sur le site de Rutelli ; hymne de Forza-Italia pour téléphone mobile et chansons en karaoke, téléchargeables sur le site de Berlusconi. Bref, une cyber-campagne à l’américaine.