...tudiant en arts plastiques à Metz, Julien Fargas, 19 ans, est le webmestre du site Abdel. Cet annuaire répertorie plus de 400 bandes dessinées publiées en ligne. S’il intéresse peu le marché de la BD, le Web donne leur chance aux amateurs.
Qui sont les auteurs de BD recensés sur le site ?
La plupart sont des amateurs qui n’ont pas trop l’occasion de publier leurs travaux sur un autre support. Dans mon cas, par exemple, la découverte du Net, il y a trois ans, avec la possibilité de mettre mes planches en ligne, m’a poussé à faire de plus en plus de BD. J’ai lancé l’idée du site sur le forum fr.rec.arts.bd. La plupart des auteurs indexés sont francophones, notamment québécois. J’ai aussi référencé quelques auteurs qui se situent à la frontière du professionnalisme et de l’amateurisme et qui recherchent de nouvelles expériences sur le Net.
Quelles nouvelles formes la publication en ligne peut-elle faire naître ?
Au début, tout le monde pensait faire de la BD inter-
active, proposer aux lecteurs de suggérer des histoires. Mais ça ne marche pas. Les internautes ne participent pas beaucoup. En revanche, le Net facilite la création collective. Le site bdamateur.com, par exemple, a mis en ligne toute une série de cadavres exquis, où les contributeurs dessinent, l’un après l’autre, un élément du récit. Avec d’autres auteurs, nous voulons créer une BD à partir d’un jeu de rôles, qui s’inspirera du scénario et de l’univers graphique de la série Donjon, de Lewis Trondheim et
Johan Sfar. Il y aura un « maître de jeu » et chaque dessinateur fera vivre son personnage en fonction des autres. Dans ce cas, le Net facilite surtout la communication. Mais certains en profitent pour expérimenter de nouvelles formes, comme le format « un écran, une case ». D’autres, comme Scott McLoyd, un auteur pro, ont utilisé la possibilité d’étendre les pages à l’infini.
Certains, enfin, utilisent des animations Flash. Ce qui tend à abolir les frontières entre BD et dessin animé.
Le genre est-il pris en compte dans des festivals comme celui d’Angoulême ?
Même si les festivals commencent à accorder de la
place à des espaces multimédias, il n’y a pas pour l’instant de concours consacré à la BD en ligne. C’est justement pour contrecarrer ce désintérêt que j’ai créé mon site, même si je conçois que l’on puisse être refroidi par l’amateurisme des auteurs. Il y a encore quelques
années, il existait pas mal de petites revues où l’on
pouvait « publier » ses dessins. Le Net a pris le relais.
Propos recueillis par Edgar Pansu